Bieler Jahrbuch 2007 - mémreg - regionales Gedächtnis
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de Pékin. Je ne suis pas une spécialiste, je ne fais<br />
qu’observer. Je me promène entre les rayons, et, en<br />
attrapant un sac de poisson surgelé, je me demande<br />
si je suis au Sichuan ou à Shanghai. Quand les achats<br />
nous transportent dans un autre continent, il faut<br />
faire durer le plaisir. C’est le moment d’inventer<br />
des histoires, de penser aux pays qui envoient cette<br />
nourriture, à ces morceaux d’Orient au beau milieu<br />
de notre ville. Le style du magasin est dans la droite<br />
ligne des clichés. Les statues chinoises sont alignées<br />
dans la vitrine; les gros bouddhas kitch et colorés<br />
sont les gardiens du repaire. Ceux qui ne se sentent<br />
pas chez eux en Suisse y trouvent un refuge au<br />
parfum du pays d’origine.<br />
Ce qui me fait penser si fort à l’Amérique, lorsque<br />
je passe la porte du magasin, c’est sa ressemblance<br />
avec les China Towns. Làbas, en Amérique, ce n’est<br />
pas qu’un commerce dans une rue, mais un quartier,<br />
voir plusieurs, décorés aux couleurs de l’Asie. On<br />
passe d’un pays à l’autre rien qu’en changeant de<br />
pâté de maison. On retrouve l’Italie, l’Irlande, l’Inde.<br />
L’Amérique trie ses nationalités par quartiers, ou<br />
alors elle les mélange. Bienne le fait aussi: chacun a<br />
son centre. Bienne n’est pas uniquement suisse. Elle<br />
est une multitude de pays. J’ai également remarqué<br />
des commerces turcs, indiens, africains. Ceux que<br />
ça gêne auront vite fait de quitter la ville. Bienne<br />
partage ses terres.<br />
La culture, mêlée à la découverte d’un continent, a<br />
créé l’Américain. L’Amérique s’est tissée du passé<br />
européen, africain, asiatique de ses habitants. Le<br />
rêve américain s’est inscrit dans les mentalités, il<br />
a fait évoluer le monde. Et si nous avions un rêve<br />
biennois à proposer? Je le cherche. J’ai mon idée de<br />
ce qu’il pourrait être mon rêve à moi.<br />
Un autre morceau d’Amérique à Bienne apparaît<br />
fin novembre. Au bout de ce mois gris, le jour de<br />
Thanksgiving brille comme une boîte de bonbons<br />
dans une vitrine. Thanksgiving, c’est l’occasion de<br />
se soustraire à la tristesse de l’automne en se retrou<br />
vant autour d’une table pour un copieux repas. Avec<br />
quelques amis, nous commémorons la rencontre des<br />
voyageurs et des Amérindiens sur le sol du Nouveau<br />
Monde. Cet épisode de l’histoire américaine s’est<br />
déroulé dans la paix et l’amitié, et, bien que ces deux<br />
cultures ne se soient plus entendues par la suite, la<br />
tradition veut que l’on s’en souvienne. C’est ainsi<br />
que le dernier jeudi du mois de novembre est une fête<br />
nationale de l’autre côté de l’Atlantique. On y cuit<br />
une dinde, cet oiseau découvert en même temps que<br />
l’Amérique.<br />
Cette fête estelle légitime? Moi, je crois qu’elle est<br />
devenue un prétexte à retrouvailles. Comment être<br />
plus heureux que lorsque l’on partage un repas<br />
avec des amis? Nous ne nous gênons pas de faire<br />
comme les Américains. Nous instaurons un moment<br />
de répit en ajoutant une fête culinaire dans le cycle<br />
de l’année. Bien sûr, nous avons Noël, mais une<br />
fête de plus n’est pas un luxe. La détente qu’elle<br />
procure est nécessaire. Manger en bonne compagnie<br />
est essentiel. Et les Américains ont une leçon<br />
à nous donner en matière de nourriture: savoir se<br />
réjouir longtemps à l’avance de manger une dinde<br />
et y trouver la force de continuer dans les moments<br />
les plus noirs. Nous nous faisons plaisir, et l’esprit a<br />
besoin de cette douceur. Grâce à quelques personnes<br />
entrepre nantes, Thanksgiving s’est ainsi implantée<br />
à Bienne. J’espère qu’elle s’étendra dans les années à<br />
venir. Le mélange des cultures apporte de nouveaux<br />
ingrédients à la vie quotidienne. Nous ne singeons<br />
personne en imitant une tradition qui n’est pas la<br />
nôtre. Chaque culture a ses fêtes. Les vivre ensemble<br />
est un bon moyen de fraterniser.<br />
La fête terminée, chacun regagne sa maison, son<br />
nid de douceur. Pelotonnés dans un appartement<br />
entre deux rues, il est temps de digérer. Comme il<br />
y a plusieurs moyens de faire passer un repas, il y<br />
a plusieurs manières de terminer mon discours. Au<br />
lieu d’eaudevie et autres digestifs, il faudra vous<br />
contenter d’un regard. Sortons un instant de la ville