Bieler Jahrbuch 2007 - mémreg - regionales Gedächtnis

210
Sans titre 0613-3, série
«Ex Nihilo», 2006, Lambdaprint,
122x152 cm.
Copyright: Benoît Vollmer
Jacob Holdt a connu une destinée exceptionnelle. Ce
fils de pasteur rebelle traverse au début des années
70 les Etats-Unis en auto-stop du nord au sud pour
rejoindre la révolution chilienne d’Allende. Ce qu’il
découvre alors du sort misérable réservé à la société
noire va orienter le cours de son existence. Durant
cinq ans, Holdt va s’immerger dans cette réalité et
l’enregistrer en écrivant et en photographiant au
moyen d’un petit appareil que lui avait envoyé son
père. De retour au pays avec plus de 15 000 diapositives,
il va restituer cette odyssée sous la forme
d’un livre intitulé «American Pictures» et publié en
1977. Holdt sera de plus en plus sollicité pour venir
partager cette expérience dans les écoles et divers
lieux d’échanges. Cela va devenir le projet d’une vie
consacrée à faire prendre conscience du racisme qui
pèse sur nos sociétés.
L’exposition du Photoforum a permis de souligner
l’importance du témoignage et de l’engagement
de Jacob Holdt ainsi que la très grande force et la
qualité photographique de ses images. Celles-ci ont
d’ailleurs largement inspiré le réalisateur Lars von
Trier pour certains de ses films et ne sont pas sans
faire écho aux photographies d’un autre illustre
Danois nommé Jacob Riis.
VOLLMER, PAOLUZZO, BRUGGMANN
Les Journées photographiques de Bienne font partie
des rendez-vous annuels du Photoforum PasquArt
qui y contribue activement. Placé sous le thème du
«Non-lieu» (8.9.–30.9.), le festival a réuni pour sa
11 e édition un ensemble de jeunes artistes suisses qui
ont convaincu par la qualité de leurs propositions.
Souhaitant offrir un tremplin à de jeunes créateurs,
le Photoforum PasquArt a invité cette année Benoît
Vollmer (*1983) à présenter un travail intitulé «Ex
nihilo». Ses images d’inspiration documentaire ont
pour objet les stations de sport d’hiver qu’il photographie
hors saison et désertées. Correspondant
parfaitement au thème proposé, elles ont constitué
une des positions artistiques appréciées de ce festival.
Une double exposition (14.10.–25.11.) a offert aux
visiteurs un regard sur la corne de l’Afrique à travers
les travaux de deux artistes aux démarches
contrastées. Grand voyageur, Marco Paoluzzo (*1949)
a consacré plusieurs expéditions à l’Ethiopie. Privilégiant
une écriture en noir et blanc, le photographe
a capté la diversité étonnante d’un territoire considéré
comme le berceau de l’humanité. Dans un
style mêlant instantanés, observations attentives et
approche documentaire, Paoluzzo célèbre avec une
grande force évocatrice une nation méconnue, dont
le nord chrétien et ses haut-plateaux, l’est musulman
annonçant une Arabie toute proche et le sud
des tribus animistes ne sont qu’un reflet de la diversité.
Le livre intitulé «Ethiopia» riche de 95 images
accompagnait l’exposition.
Matthias Bruggmann (*1978) travaille quant à lui à la
manière d’un photographe de presse. Une bourse