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Bieler Jahrbuch 2007 - mémreg - regionales Gedächtnis

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188<br />

La guerre du Viêt Nam et à ses répercussions<br />

sur la Suisse<br />

DAVID GAFFINO: «AUTORITÉS ET ENTRE-<br />

PRISES SUISSES FACE À LA GUERRE DU VIÊT<br />

NAM, 1960–1975»<br />

Stéphane Tendon<br />

David Gaffino, historien et journaliste biennois,<br />

ouvre une brèche inattendue dans l’histoire de la<br />

politique étrangère suisse en s’intéressant à la guerre<br />

du Viêt Nam et à ses répercussions sur la Suisse.<br />

Dans le vaste chantier de l’étude de la neutralité<br />

suisse, on nous a jusqu’ici livré soit des ouvrages<br />

généraux, soit des recherches sur l’incontournable<br />

période 1939–1945 et les rapports sulfureux que la<br />

Suisse a entretenus avec l’Allemagne nazie. Cette<br />

recherche sur une période plus récente est donc particulièrement<br />

bienvenue, puisqu’elle aborde notre<br />

diplomatie et notre économie des Trente Glorieuses<br />

à la lumière d’un conflit de la guerre froide.<br />

Au Viêt Nam, la Suisse met en œuvre sa politique de<br />

neutralité, initialisée par Max Petitpierre. On sait que<br />

la doctrine de Petitpierre reposait sur quatre piliers:<br />

neutralité, solidarité, universalité & disponibilité.<br />

Bien sûr, contrairement à la Seconde Guerre mondiale,<br />

la guerre du Viêt Nam n’a pas constitué une<br />

menace pour la Suisse. Mais notre pays a tâtonné<br />

dans son positionnement, hésitant entre une réserve<br />

totale, une certaine proximité idéologique avec les<br />

Etats-Unis, dans un intérêt économique bien compris,<br />

un engagement (très) timide dans le domaine<br />

humanitaire, et (à la fin de la guerre) une envie de<br />

reconnaître le Viêt Nam réunifié (et communiste)<br />

avant les autres nations.<br />

En théorie, la Suisse tient mordicus à sa neutralité,<br />

y compris dans le domaine de l’aide humanitaire,<br />

et exclut d’emblée toute aide de caractère politique<br />

ou militaire au Viêt Nam. En pratique, Gaffino<br />

montre que la réalité est plus complexe. L’industrie<br />

de l’armement ne peut exporter à destination du<br />

Viêt Nam, mais elle peut le faire à destination des<br />

Etats-Unis. Symétriquement, Gaffino rappelle que<br />

des entreprises suisses ont exporté au Nord Viêt<br />

Nam en transitant par la Chine. Enfin, le plus grand<br />

fabricant de napalm et d’agent orange, qui a été utilisé<br />

pour défolier le Viêt Nam nord, Dow Chemical<br />

Corporation, est présent sur sol suisse.<br />

Période faste pour l’économie suisse que cette guerre,<br />

puisque les exportations suisses vers le Sud Viêt<br />

Nam sont multipliées par trois rien qu’entre 1965<br />

et 1968. L’historien biennois nous rappelle «l’affaire<br />

Bulova», du nom de cette entreprise horlogère américaine<br />

qui avait son siège suisse à Bienne. Bulova ne<br />

voyait pas d’un bon œil la concurrence helvétique,<br />

à telle enseigne qu’elle participe à un procès contre<br />

les horlogeries suisses en 1964. Les Suisses s’emparaient<br />

bel et bien de parts de marchés sur des terrains<br />

considérées comme des «chasses gardées» par les<br />

Américains.<br />

La Suisse a laissé les thuriféraires de l’anti-communisme<br />

(notamment en Suède) se battre sur le terrain<br />

médiatique. On est encore très loin de la «diplomatie-éclat»<br />

voulue par l’actuelle responsable des<br />

Affaires étrangères: la Suisse n’a, à l’époque, jamais<br />

pris position dans le conflit.<br />

Le livre de David Gaffino est bien organisé, avec des<br />

synthèses intermédiaires bienvenues. Ce que l’on<br />

conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le<br />

dire viennent aisément, comme le dit l’adage: on sait<br />

gré à l’auteur d’avoir laissé un jargon scientifique<br />

de côté. Il est rare de lire une recherche scientifique

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