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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

camp <strong>de</strong> concentration. Il disait que c’est obscène, et qu’on n’a pas<br />

le droit <strong>de</strong> représenter une femme comme cela. Le problème qui se<br />

posait était celui <strong>de</strong> la mort, c’est-à-dire <strong>de</strong> l’irreprésentable par<br />

excellence. Quand tu dis que l’image <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> ne fonctionne<br />

plus, cela ne signifie-t-il pas qu’il y a une crise radicale <strong>de</strong> l’image,<br />

au sens strict <strong>de</strong> la représentation ? On touche là la question <strong>de</strong><br />

savoir ce que c’est pour un gamin aujourd’hui que <strong>de</strong> voir du<br />

massacre en direct. On est près <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> civile que nous<br />

évoquions tout à l’heure.<br />

p.077<br />

Monsieur Vallotton posait le problème <strong>de</strong> la morale du<br />

cinéma. Je ne pense pas aux films catastrophe, mais à <strong>de</strong>s films<br />

violents comme Reservoir Dogs <strong>de</strong> Tarentino, où il y a une<br />

fameuse scène <strong>de</strong> torture, que plusieurs critiques ont analysée, et<br />

où la caméra fonctionne <strong>de</strong> telle manière qu’on ne peut jamais<br />

s’i<strong>de</strong>ntifier ni au bourreau ni à la victime. Il y a confusion entre les<br />

places <strong>de</strong> l’un et <strong>de</strong> l’autre. Cette incapacité pose beaucoup <strong>de</strong><br />

questions par rapport à ce que nous avons évoqué tout à l’heure<br />

dans la <strong>violence</strong> civile. Il y a là une dialectique sans fin <strong>de</strong> la<br />

victime qui va <strong>de</strong>venir bourreau, etc.<br />

Quand on évoque le cinéma violent, je pense encore à certains<br />

films-culte pour les adolescents, comme Natural Born Killers. Ce<br />

qui me frappe, c’est que c’est un cinéma où il n’y a pas <strong>de</strong><br />

langage. Il y a <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> parce qu’on ne parle pas. Dans La<br />

haine, les mômes <strong>de</strong>s cités ne parlent qu’à <strong>de</strong>ux moments, quand<br />

ils rencontrent un vieux poivrot qui se met à leur parler <strong>de</strong><br />

Buchenwald, et quand ils « tchatchent », c’est-à-dire qu’ils imitent<br />

un animateur télé. Je suis frappé par l’incapacité du langage que<br />

ce cinéma violent génère.<br />

J’insiste sur ma première question, à propos <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> <strong>de</strong><br />

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