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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

camp. Ce que vous dites est proche <strong>de</strong> cela. Effectivement,<br />

Bresson, par son art <strong>de</strong> l’ellipse, refuse le spectaculaire, le<br />

formalisme <strong>de</strong> la mise en scène à partir <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Cela<br />

produit <strong>de</strong>s images encore plus fortes, plus violentes. C’est ce que<br />

Rivette défendait contre le formalisme obscène <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Il<br />

avait défendu la force directe <strong>de</strong>s documents filmés par les<br />

cameramen américains à l’ouverture <strong>de</strong>s camps. C’était un<br />

enregistrement brut, dans lequel la mise en scène était<br />

absolument niée. Une sorte <strong>de</strong> mécanisme <strong>de</strong> l’enregistrement<br />

brut <strong>de</strong> l’image. On rejoint ce que disait Olivier Mongin, et qui est<br />

à la base <strong>de</strong> mon idée, à savoir qu’aujourd’hui la <strong>violence</strong> <strong>de</strong>s<br />

images est atténuée. La <strong>violence</strong> dans l’image ne pose plus ces<br />

questions <strong>de</strong> morale <strong>de</strong> la mise en scène. On est passé à un autre<br />

aspect, qui est celui du « <strong>toujours</strong> plus » — <strong>toujours</strong> plus <strong>de</strong><br />

spectaculaire, <strong>toujours</strong> plus <strong>de</strong> <strong>violence</strong> dans l’image, <strong>toujours</strong> plus<br />

<strong>de</strong> mise en scène. La télévision a besoin <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, parce que<br />

la <strong>violence</strong> fait <strong>de</strong> l’audimat, donc elle la met <strong>de</strong> plus en plus en<br />

scène, soit par <strong>de</strong>s trucages condamnables, soit en appelant la<br />

<strong>violence</strong> en amont, en transformant la <strong>violence</strong> en événement. Les<br />

jeunes <strong>de</strong>s banlieues savent que s’ils brûlent <strong>de</strong>s voitures, ils vont<br />

passer à la télévision. C’est un phénomène <strong>de</strong> mise en scène.<br />

UN INTERVENANT : Je trouve obscène <strong>de</strong> parler d’image <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong>, en laissant <strong>de</strong> côté la matérialité <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Si par<br />

exemple on prend la Suisse, on constate que <strong>de</strong>puis douze ans il<br />

s’y est produit une paupérisation importante <strong>de</strong> la population,<br />

accompagnée d’une production <strong>de</strong> chômage, qui est pour moi une<br />

sorte <strong>de</strong> massacre social. Une bonne partie <strong>de</strong>s chômeurs sont<br />

arrivés à l’assistance publique ou à l’assurance invalidité, ou dans<br />

<strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> simulation <strong>de</strong> travail. Je vois là <strong>de</strong>s victimes<br />

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