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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

parlent du corps, et a en particulier réédité L’âme et ses passions<br />

<strong>de</strong> Galien. Il apportera à ce débat la problématique et la<br />

perspective <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine.<br />

Ce débat aurait dû faire suite à la conférence d’une<br />

anthropologue qui a consacré <strong>de</strong> nombreux travaux au problème<br />

du corps violenté. Celle-ci n’ayant pas pu venir, je vais commettre<br />

une petite infraction à la règle et mettre en place une<br />

problématique générale. Je proposerai ensuite à mes quatre<br />

invités <strong>de</strong> réagir à mes suggestions.<br />

Une réflexion du grand poète René Char invite à penser l’objet<br />

<strong>de</strong> cette table ron<strong>de</strong>. Dans Feuillets d’Hypnos, écrits entre 1943 et<br />

1945, il écrit : « Nous avons recensé toute la douleur<br />

qu’éventuellement le bourreau pouvait prélever sur chaque pouce<br />

<strong>de</strong> notre corps, puis le cœur serré, nous sommes allés et avons fait<br />

face ». Cette idée <strong>de</strong> René Char, qui désigne par la poétique<br />

l’engagement d’une résistance partisane, est particulièrement<br />

intéressante pour commencer <strong>de</strong> penser le problème <strong>de</strong> la <strong>violence</strong><br />

sur le corps. La <strong>violence</strong> est une douleur ressentie comme infligée.<br />

Elle mène à la souffrance morale, au sentiment d’injustice, à la<br />

honte <strong>de</strong> la victime. C’est ce que montre le grand livre <strong>de</strong> Georges<br />

Vigarello, paru en 1998, sur l’histoire du viol. Il y a un lien très fort<br />

entre la nature <strong>de</strong>s <strong>violence</strong>s subies et celle <strong>de</strong> la honte chez<br />

l’individu qui les subit. Pour éviter les anachronismes, je crois qu’il<br />

faut considérer le mot « victime ». C’est en français un néologisme<br />

qui apparaît vers 1730-1740, dans un contexte très particulier. La<br />

victime n’est plus victime d’un sacrifice religieux, mais d’un délit,<br />

d’un acci<strong>de</strong>nt ou <strong>de</strong> soi-même. Un très beau texte <strong>de</strong> Bossuet, à la<br />

fin du XVII e siècle, parle d’individus qui sont victimes d’eux-<br />

mêmes, ou plus simplement <strong>de</strong> circonstances extérieures, comme<br />

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