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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

permettrait aux militaires <strong>de</strong> savoir où ils peuvent aller. La<br />

conception classique, à la Clausewitz, définit la guerre comme<br />

poursuite <strong>de</strong> la politique. C’est cela qui ne fonctionne plus<br />

aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’on a <strong>de</strong> plus en plus<br />

d’armées livrées à elles-mêmes, et que par ailleurs on a <strong>de</strong> moins<br />

en moins d’armées classiques. On aura <strong>de</strong> moins en moins<br />

d’armées, au sens classique qu’on donne à ce terme en Europe,<br />

c’est-à-dire, comme on disait autrefois, d’individus capables <strong>de</strong><br />

« mourir pour la nation » — titre d’un livre important <strong>de</strong><br />

Kantorowicz. Nous sommes sortis, nous démocrates, <strong>de</strong> l’idée<br />

qu’on peut se sacrifier pour une cause. D’un côté, nous ne savons<br />

plus ce que nous voulons politiquement, et <strong>de</strong> l’autre les armées<br />

font <strong>de</strong> plus en plus ce qu’elles veulent, précisément parce qu’il y a<br />

une désarticulation du politique et du militaire. Je ne veux pas être<br />

trop pessimiste. Peut-être l’un <strong>de</strong>s effets du Kosovo pourrait-il<br />

être, au niveau <strong>de</strong> l’Union européenne, <strong>de</strong> favoriser la mise en<br />

place d’un certain nombre <strong>de</strong> choses du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la sécurité<br />

militaire, <strong>de</strong> manière à ne plus laisser tout le champ à l’OTAN. Il<br />

est évi<strong>de</strong>nt que dans les Balkans, la question en jeu est celle <strong>de</strong><br />

l’Europe. Il y a là-bas une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’Europe. Mais une Europe qui<br />

n’est pas capable d’assurer sa sécurité restera une Europe <strong>de</strong>s<br />

marchés. Je pense donc qu’il faut <strong>toujours</strong> réarticuler nos débats<br />

sur le problème <strong>de</strong> la volonté politique, que ce soit au niveau<br />

national ou supranational.<br />

Ce que nous avons dit n’est guère glorieux, en ce sens que le<br />

mal se porte bien. Mais il ne serait pas mauvais, à la fin <strong>de</strong> ces<br />

<strong>Rencontres</strong>, <strong>de</strong> rappeler, comme Starobinski et Ricœur l’ont fait<br />

hier, qu’il y a surabondance du bien sur le mal. Nous sommes en<br />

train <strong>de</strong> nous installer dans un climat <strong>de</strong> nihilisme dans nos<br />

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