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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

exige aussi <strong>de</strong> réfléchir sur l’évolution <strong>de</strong> la société. Je vous<br />

propose précisément, ce soir, d’essayer <strong>de</strong> penser le passage <strong>de</strong> la<br />

société industrielle à une autre société qui ne porte pas encore <strong>de</strong><br />

nom, qu’on appelle postmo<strong>de</strong>rne ou postindustrielle, même si<br />

Touraine a utilisé l’expression dans les années 1960.<br />

Je ferai référence à Robert Castel qui, dans Les métamorphoses<br />

<strong>de</strong> la question sociale, dit ceci : « Il m’a semblé qu’en ces temps<br />

d’incertitu<strong>de</strong>, lorsque le passé se dérobe et que l’avenir est<br />

indéterminé, il fallait mobiliser notre mémoire pour essayer <strong>de</strong><br />

comprendre le présent » — ce qu’il a fait, précisément, dans son<br />

livre. Une hypothèse : jusqu’à la fin <strong>de</strong>s années 1960 à peu près,<br />

les cadres contraignants <strong>de</strong> la société industrielle permettent <strong>de</strong><br />

penser la <strong>violence</strong> comme une <strong>de</strong>s composantes qui cimentent le<br />

système social. Mais la configuration <strong>de</strong> notre univers <strong>de</strong> crise<br />

contemporain conduit à une redéfinition du rapport entre <strong>violence</strong><br />

et société, rapport qui n’entraîne plus nécessairement le<br />

développement du lien social et le renforcement <strong>de</strong> la cohésion <strong>de</strong><br />

la société globale. La <strong>violence</strong> est débridée. C’est un flux<br />

indifférencié. La thèse <strong>de</strong> Norbert Elias sur la civilisation <strong>de</strong>s<br />

mœurs, que tout le mon<strong>de</strong> connaît, semble être battue en brèche.<br />

On parle maintenant <strong>de</strong> brutalisation — ou <strong>de</strong> rebrutalisation —<br />

<strong>de</strong>s mœurs. Mais ce que dit Elias, c’est qu’aujourd’hui, si le<br />

sentiment d’insécurité est aussi important au sein <strong>de</strong> nos sociétés,<br />

ce n’est certainement pas dû à une augmentation <strong>de</strong> la <strong>violence</strong><br />

criminelle, mais plutôt à une sensibilité accrue face au moindre<br />

inci<strong>de</strong>nt violent, considéré comme hors norme dans une civilisation<br />

comme la nôtre.<br />

On peut imaginer <strong>de</strong> discourir sur la <strong>violence</strong> sans faire<br />

référence à la société. Entre 1966 et 1999, <strong>de</strong>s choses importantes<br />

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