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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

« Violence <strong>de</strong>s pouvoirs » : ce titre m’a surpris. Il ne s’agit pas<br />

<strong>de</strong> la <strong>violence</strong> politique. « Les pouvoirs », ici, peuvent être d’Etat<br />

comme ils peuvent être civils. Il s’agit du pouvoir. On a beaucoup<br />

emprunté au langage évangélique, qui peut être le mien à<br />

l’occasion. Sur le politique, je suis très grec, c’est-à-dire que je<br />

pense que la polis, la cité, est indissociable <strong>de</strong> polemos, du conflit.<br />

Héraclite rappelle que faire la cité est pratiquement l’équivalent <strong>de</strong><br />

polemos. Il ne veut pas dire par là que la cité, c’est la guerre, mais<br />

qu’il faut faire en sorte d’instituer la cité, l’espace politique, <strong>de</strong><br />

telle manière que nos conflits ne dégénèrent pas en guerres<br />

civiles. C’est mon hypothèse <strong>de</strong> travail. Comment faire en sorte<br />

que nos conflits ne dégénèrent pas ? Je ne connais pas d’autre<br />

issue, pour l’instant, qu’un espace politique cohérent, qu’on dira<br />

démocratique dans nos sociétés mo<strong>de</strong>rnes.<br />

p.057<br />

Je me résume : les <strong>violence</strong>s actuelles sont inédites ; nous<br />

<strong>de</strong>vons essayer <strong>de</strong> retrouver le politique, sachant qu’il est <strong>toujours</strong><br />

biface — comme dit Ricœur. Le politique, c’est la plus gran<strong>de</strong><br />

rationalité. Rousseau n’est pas loin et nous surveille. Le « vivre<br />

ensemble », le contrat social est ce qui peut produire le plus grand<br />

mal. Les leçons du siècle, à savoir les totalitarismes, nous ont<br />

appris que le plus grand mal n’est jamais exclu dans le champ du<br />

pouvoir. La question du contrat social va <strong>de</strong> pair avec celle <strong>de</strong> la<br />

domination, qui peut faire mal.<br />

Ce qui me frappe, aujourd’hui, c’est qu’on a <strong>de</strong> plus en plus<br />

tendance à dissocier la question du contrat social et politique d’un<br />

côté, et celle <strong>de</strong> la domination et <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> l’autre. Le politique<br />

ne sait plus comment et sur quoi fon<strong>de</strong>r la communauté politique.<br />

D’où l’ethnicisation <strong>de</strong> plus en plus forte <strong>de</strong> la communauté, alors<br />

même que l’Etat, que l’on dit en déclin à l’heure <strong>de</strong> la<br />

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