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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

l’image, telle que d’une certaine manière tu l’as regrettée. Est-ce<br />

que tu n’y crois plus ?<br />

MARK HUNYADI : J’aimerais également revenir sur la conférence<br />

d’Antoine <strong>de</strong> Baecque. Il me semble qu’il y a dans votre exposé<br />

une prémisse sous-jacente. La <strong>violence</strong> <strong>de</strong>s images, avez-vous dit,<br />

<strong>de</strong>vait nécessairement être localisée dans <strong>de</strong>s images violentes.<br />

Vous situez la <strong>violence</strong> du côté <strong>de</strong> la représentation et du<br />

spectaculaire. Partant <strong>de</strong> là, vous diagnostiquez l’inéluctable <strong>de</strong>stin<br />

inflationniste du spectaculaire, et du coup la neutralisation <strong>de</strong> cette<br />

<strong>violence</strong>.<br />

Je conteste cette prémisse elle-même. Je prends <strong>de</strong>ux<br />

exemples. Dans L’argent <strong>de</strong> Bresson, l’image <strong>de</strong> trois gouttes <strong>de</strong><br />

sang filmées en plan fixe pendant une secon<strong>de</strong>, dans la chambre<br />

où se déroule le meurtre, est beaucoup plus violente que toutes les<br />

apocalypses qu’on nous raconte. Dans Le cinquième<br />

comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Kieslowski, la méticulosité d’horloger suisse<br />

avec laquelle le bourreau nettoie la guillotine, est beaucoup plus<br />

violente que tous ces phénomènes inflationnistes, tout ce côté<br />

spectaculaire que vous avez décrit. Par conséquent, j’ai<br />

l’impression que si le cinéma entend localiser la <strong>violence</strong> du côté<br />

<strong>de</strong> la représentation, il se trompe d’objet. Et si vous-même la<br />

localisez dans la représentation, vous reproduisez la naïveté du<br />

cinéma américain.<br />

ANTOINE DE BAECQUE : p.078 Votre question rejoint la remarque<br />

d’Olivier Mongin à propos <strong>de</strong> Pontecorvo et <strong>de</strong> l’obscénité <strong>de</strong> la<br />

représentation, quand le cinéma fait œuvre formaliste <strong>de</strong> mise en<br />

scène à partir <strong>de</strong> l’irreprésentable, en l’occurrence la mort dans un<br />

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