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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

glaives en socs <strong>de</strong> charrue. C’est quelque chose <strong>de</strong> plus humble :<br />

la distillation du bien à toutes petites doses. Dans la littérature<br />

russe, qui aime tellement prophétiser, il y a un bon auteur, c’est<br />

Anton Tchekhov, qui parle <strong>de</strong>s toutes petites parts <strong>de</strong> bien que<br />

chacun fait à son voisin, quel que soit ce voisin.<br />

Cette semaine, nous avons évoqué <strong>de</strong>s <strong>violence</strong>s très variées.<br />

Nous avons vu qu’elles se manifestaient principalement quand les<br />

gens ne se comprennent pas. C’est pour cela qu’il y a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

et <strong>de</strong> petites <strong>violence</strong>s. Et les petites <strong>violence</strong>s suffisent à créer<br />

l’opacité entre les gens. « Ils ne nous comprennent pas », dit<br />

l’îlotier <strong>de</strong> la banlieue parisienne ou <strong>de</strong> toute autre gran<strong>de</strong> ville<br />

européenne, <strong>de</strong> Liverpool à Moscou. « Ils ne nous comprennent<br />

pas », déclare le jeune en colère. « Ils ne nous comprennent<br />

pas », répète le commerçant qui fait <strong>de</strong>s ron<strong>de</strong>s nocturnes à la<br />

tête <strong>de</strong> sa petite briga<strong>de</strong>. Bien sûr, à l’intérieur <strong>de</strong> toute société il y<br />

a <strong>de</strong>s tensions, puisqu’il y a <strong>de</strong>s intérêts différents. Dans toute<br />

société il y a <strong>de</strong>s perceptions <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. On a parlé <strong>de</strong><br />

changements <strong>de</strong> la sensibilité à la <strong>violence</strong>. Jean Delumeau, dans<br />

son Histoire du paradis, dit que plus beau est le paradis primitif,<br />

plus terrible et violent est le dieu punisseur qui chassera les<br />

hommes <strong>de</strong> ce paradis. Ce dieu punisseur, affirme le très chrétien<br />

Delumeau, est cause <strong>de</strong> la profon<strong>de</strong> déchristianisation <strong>de</strong> notre<br />

Occi<strong>de</strong>nt. Hier, en lisant le journal, j’ai vu un rapport sur une<br />

prison lyonnaise pour mineurs. On y trouve ce que Dostoïevski<br />

décrit dans les Souvenirs <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong>s morts, c’est-à-dire une<br />

promiscuité effrayante. Là où il y a place pour treize prisonniers on<br />

en met quarante. Il y a <strong>de</strong>s matelas par terre, un vacarme<br />

insupportable, un racket interne. Des jeunes, d’après la<br />

commission d’enquête, refusent la promena<strong>de</strong> quotidienne, parce<br />

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