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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

dont nous parlons tous, à savoir l’émergence du sujet. Dans les<br />

sociétés mo<strong>de</strong>rnes et même, mutatis mutandis dans l’Iran<br />

contemporain, malgré la fragilité du lien social et l’accentuation<br />

<strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> classe, malgré l’exclusion, la précarité et le<br />

racisme, existe un espace normal dans lequel l’individu peut se<br />

constituer en sujet. Deux exemples. Dans le cadre d’un travail que<br />

j’ai mené dans un quartier <strong>de</strong> Strasbourg, j’ai constaté que jusque<br />

dans l’exacerbation <strong>de</strong> l’exclusion il y avait <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong><br />

construction <strong>de</strong> sens, une culturalisation du malheur, présentes<br />

dans <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> hip-hop, dans le théâtre, dans le sport ou<br />

toute autre expression <strong>de</strong> soi, même cantonnée à un quartier,<br />

voire quelques immeubles. Des formes <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> sens<br />

existent. Nos sociétés, malgré tous les travers qu’on leur attribue<br />

— en toute légitimité : je ne veux pas faire l’apologie <strong>de</strong> la<br />

mo<strong>de</strong>rnité — offrent au sujet la possibilité <strong>de</strong> se constituer. Même<br />

quand il est dans la précarité, même quand il est dans l’exclusion,<br />

cette possibilité ne lui est pas déniée entièrement. En d’autres<br />

termes, la question que je me posais au début <strong>de</strong> cet exposé, à<br />

savoir pourquoi nos sociétés ne sont pas plus violentes, peut<br />

recevoir plusieurs réponses.<br />

p.137<br />

La première est <strong>de</strong> type transcendantaliste. René Girard a<br />

présenté sa théorie sur la victime émissaire et sur la manière dont<br />

une société se fon<strong>de</strong> sur l’évitement <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, en raison<br />

même <strong>de</strong> sa constitution comme telle. Cette réponse me semble<br />

très massive et très profon<strong>de</strong>. Un autre type <strong>de</strong> réponse, beaucoup<br />

plus empirique, consiste à dire qu’on est dans <strong>de</strong>s cultures<br />

d’évitement <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, et que nos sociétés, à partir <strong>de</strong> cette<br />

culture, tentent <strong>de</strong> faire en sorte que les conduites violentes soient<br />

plus ou moins endiguées, réduites à la portion congrue. Dans cet<br />

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