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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

nation américaine, mi-pères fondateurs, mi-pasteurs puritains. Ils<br />

ont pour mission <strong>de</strong> protéger la terre (l’Amérique) <strong>de</strong> sa<br />

<strong>de</strong>struction (ils y parviennent) mais aussi <strong>de</strong> la gui<strong>de</strong>r vers le<br />

respect <strong>de</strong> ses propres origines oubliées (la tâche est ardue, et on<br />

n’est pas certain qu’ils y concourent). Le film catastrophe le plus<br />

intéressant <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, Titanic <strong>de</strong> James Cameron,<br />

triomphe public planétaire, ne cesse <strong>de</strong> jouer sur ce rapport<br />

particulier à ce que je nommerais la force créatrice <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>.<br />

Ce film a suscité une attente quasi millénariste : voir, à travers le<br />

naufrage le plus célèbre <strong>de</strong> l’histoire, une fin du mon<strong>de</strong> incarnée<br />

(une catastrophe humaine) et mécanisée (une catastrophe<br />

technique). Mais ce n’est pas le mon<strong>de</strong> actuel qui est ainsi<br />

précipité vers le fond <strong>de</strong> l’océan, c’est celui qui précè<strong>de</strong> : le XIX e<br />

siècle européen. La puissance fictionnelle du film consiste à<br />

affirmer, pourtant, que cette catastrophe est créatrice, figure du<br />

cycle apocalyptique, éternel recommencement. Car ce qui se joue<br />

dans cette catastrophe, c’est le cycle palingénésique <strong>de</strong> la<br />

renaissance à partir <strong>de</strong> l’effondrement. Le nouveau mon<strong>de</strong> naît <strong>de</strong><br />

cette catastrophe sacrificielle : Rose, l’héroïne anglaise Belle<br />

Époque, renaît américaine <strong>de</strong> la catastrophe et du sacrifice <strong>de</strong> son<br />

jeune amant américain, lui-même imprégné <strong>de</strong> tout ce qu’il y avait<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne dans l’ancien mon<strong>de</strong> (la peinture) et dans le nouveau<br />

(l’aspiration p.051 démocratique). Cameron met en scène dans son<br />

film cette fascination du mo<strong>de</strong>rne pour la <strong>violence</strong> <strong>de</strong> ses origines<br />

apocalyptiques : c’est la technologie d’aujourd’hui qui permet au<br />

film <strong>de</strong> faire fiction en convoquant le récit <strong>de</strong> Rose, la survivante<br />

<strong>de</strong>venue une incarnation du XX e siècle (ses photos résument ce<br />

rôle, la désignant comme accompagnant le cinéma, représentation<br />

mo<strong>de</strong>rne, ou encore l’aventure technique <strong>de</strong> l’aviation, et enfin le<br />

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