24.06.2013 Views

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

Disons-le en termes encore élémentaires : dans toute<br />

expérience concrète où la <strong>violence</strong> intervient, il y a, plus ou moins<br />

spectaculaire, une part d’excès ou <strong>de</strong> défaut par rapport à ce que<br />

pourrait être cette expérience si la <strong>violence</strong> en était absente.<br />

Cette part peut transparaître dans l’idéologie <strong>de</strong>s acteurs, et<br />

indiquer par exemple qu’ils parlent en termes artificiels d’une<br />

réalité sociale ou culturelle, ou bien encore qu’ils essaient<br />

d’intégrer sur un mo<strong>de</strong> mythique, fusionnel, <strong>de</strong>s significations<br />

contradictoires ou incompatibles. Ainsi, le terrorisme d’extrême<br />

gauche a-t-il été d’autant plus meurtrier, je l’ai dit, qu’il parlait,<br />

dans les années soixante-dix et quatre-vingt, au nom d’une classe<br />

ouvrière <strong>de</strong>venant fictive. Différemment, la <strong>violence</strong> politique d’un<br />

mouvement comme ETA, au Pays basque espagnol, a tourné au<br />

terrorisme parfois échevelé à partir du moment où il s’efforçait <strong>de</strong><br />

mettre en forme, <strong>de</strong> manière <strong>de</strong> plus en plus irréaliste, la synthèse<br />

mythique <strong>de</strong> ses trois composantes initiales : ETA est <strong>de</strong>venue<br />

d’autant plus terroriste qu’elle parlait au nom, premièrement,<br />

d’une i<strong>de</strong>ntité nationale basque menacée, alors qu’elle était en fait<br />

très largement reconnue à partir <strong>de</strong> la transition démocratique en<br />

Espagne, <strong>de</strong>uxièmement, d’un projet <strong>de</strong> libération politique ne<br />

pouvant plus, dans ce contexte, associer <strong>de</strong> p.100 manière réaliste<br />

dans un même combat perspectives démocratiques et pulsions<br />

révolutionnaires, et troisièmement, d’un mouvement ouvrier en<br />

fait décomposé et très éloigné <strong>de</strong> se reconnaître dans la pratique<br />

<strong>de</strong>s bombes et <strong>de</strong>s enlèvements. La perte <strong>de</strong> sens, ici apparaît<br />

donc comme le produit d’une subjectivité se coupant du réel, d’un<br />

rapport concret à l’expérience vécue <strong>de</strong> ceux auxquels l’acteur <strong>de</strong><br />

la <strong>violence</strong> se réfère. Le mythe ou l’idéologie sont le fruit, lui-<br />

même instable, <strong>de</strong> cette déréalisation plus ou moins avancée, qui<br />

139

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!