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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

comme transgression <strong>de</strong> la limite entre le sien et le tien, il est<br />

évi<strong>de</strong>nt qu’elle a <strong>de</strong>s conséquences politiques, à savoir par exemple<br />

l’abolition <strong>de</strong> la propriété privée. En Union soviétique, la <strong>violence</strong> a<br />

proliféré. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la singularité, il est important <strong>de</strong> ne<br />

pas représenter le goulag comme une totalité, comme un archipel.<br />

Toutes les difficultés <strong>de</strong> la p.246 privatisation, c’est-à-dire <strong>de</strong>s<br />

retrouvailles légitimes, politiques, juridiques, etc., avec la propriété<br />

privée, dans l’ère postcommuniste, montrent bien qu’il y a cet<br />

aspect politique et civique du sien et du tien. Par ailleurs, il est<br />

évi<strong>de</strong>nt que face à cet effort pour mettre radicalement en cause la<br />

légitimité du privé, il y a plusieurs manières <strong>de</strong> mettre en question<br />

cette légitimité. La pensée <strong>de</strong> Levinas pose sans cesse la question :<br />

en occupant ce fauteuil-là, est-ce que je n’usurpe pas la place <strong>de</strong><br />

l’autre ? Levinas va très loin dans la mise en cause <strong>de</strong> la propriété<br />

et dans la possibilité <strong>de</strong> fermer, en quelque sorte, le cercle du sien<br />

et du tien. Ne peut-on pas renverser le lien entre moi et l’autre, la<br />

relation à l’autre et le lieu occupé par moi et l’autre ? Que signifie<br />

alors le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer, par exemple, dans la mémoire <strong>de</strong> l’autre ?<br />

Chaque enfant commence dans le sein <strong>de</strong> l’autre. Cela ne permet-il<br />

pas <strong>de</strong> repenser la topologie du mien et du sien ? Levinas refuse<br />

d’admettre un enracinement dans l’autre. Il défend le déracinement<br />

complet, c’est-à-dire l’impossibilité <strong>de</strong> fixer le chez-soi.<br />

PAUL RICŒUR : Je ne suis pas d’accord. Il y a une très belle page<br />

dans Totalité et infini sur la <strong>de</strong>meure, la maison. Cela touche très<br />

profondément la tournure alleman<strong>de</strong> bei sich : être auprès <strong>de</strong>. Pour<br />

qu’on puisse être « auprès <strong>de</strong> », il faut qu’il y ait <strong>de</strong> l’espace. Il n’y a<br />

pas que le tout en soi, il y a le « auprès <strong>de</strong> ». S’approcher, c’est<br />

établir une proximité. Et la proximité n’est pas <strong>de</strong> l’intrusion. Levinas<br />

est allé jusqu’à poser ce paradoxe : la place que j’occupe est usurpée.<br />

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