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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

VINCENT BARRAS : Dans la question du corps et <strong>de</strong>s <strong>violence</strong>s<br />

qui l’assaillent, la mé<strong>de</strong>cine constitue certainement, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />

siècles au moins, un acteur essentiel. Je l’entends ici au sens<br />

global d’un système <strong>de</strong> savoirs et <strong>de</strong> pratiques, mais aussi dans la<br />

dimension <strong>de</strong> son déploiement social, sous forme d’institutions<br />

spécialisées comme l’hôpital ou la profession médicale.<br />

Réciproquement, on peut faire l’histoire <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, ainsi<br />

entendue, comme intrinsèquement nouée à la question <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong>.<br />

Partons <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la douleur. On peut la prendre dans sa<br />

définition intemporelle <strong>de</strong> <strong>violence</strong> à l’état brut. Que cette <strong>violence</strong><br />

sur le corps soit provoquée <strong>de</strong> l’extérieur, chirurgicalement, c’est-à-<br />

dire par une atteinte extérieure au corps, due par exemple à un<br />

objet contondant, ou qu’elle soit interne, médicale au sens <strong>de</strong><br />

l’opposition traditionnelle entre chirurgie (art <strong>de</strong> la pathologie<br />

externe) et mé<strong>de</strong>cine interne (art <strong>de</strong> la pathologie interne), elle<br />

concerne la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux siècles environ. Non que douleur<br />

et mé<strong>de</strong>cine se soient ignorées auparavant. Mais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />

siècles, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s pratiques comme <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s théories,<br />

la mé<strong>de</strong>cine s’occupe activement <strong>de</strong> supprimer la douleur.<br />

L’anesthésie, en tant que discipline, existe <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

cents ans. La douleur <strong>de</strong>vient une pierre p.185 d’achoppement, l’une<br />

<strong>de</strong>s visées essentielles <strong>de</strong> la pratique médicale. Je renvoie ici à<br />

l’Histoire <strong>de</strong> la douleur <strong>de</strong> Roselyne Rey. Si l’on prend la mé<strong>de</strong>cine<br />

dans son long terme, on peut donc dire que la préoccupation <strong>de</strong> la<br />

douleur est récente. Sur le plan institutionnel, <strong>de</strong> même, la question<br />

<strong>de</strong> la douleur et <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> à l’état brut ne se développe <strong>de</strong><br />

manière significative que fort récemment. L’exemple <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

légale, dont vient <strong>de</strong> nous parler Frédéric Chauvaud, en témoigne.<br />

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