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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

mémoire. Jusqu’où peut-on aller dans l’usage <strong>de</strong> la mémoire ? Et<br />

puisqu’on est passé, à propos du Rwanda et du Kosovo, <strong>de</strong> la<br />

condamnation morale à la condamnation judiciaire, nous sommes<br />

entrés dans l’ère où « surveiller et punir » ne s’adressent pas<br />

seulement aux individus, mais aux pays, aux nations. Citoyens <strong>de</strong><br />

l’ONU, nous surveillons et punissons les nations <strong>de</strong> manière encore<br />

très inégale. L’Irak et la Serbie sont ostracisés et soumis à un<br />

embargo qui, je le rappelle, est condamné par Jean-Paul II, pour ne<br />

citer qu’une autorité morale. Il me semble qu’on a envenimé la<br />

guerre civile et les massacres qui ont eu lieu dans l’ancienne<br />

Yougoslavie en enfermant dans une condamnation génocidaire la<br />

nation serbe <strong>de</strong> façon peut-être irréfléchie. En tout cas, lorsque l’on<br />

voit qu’à moindre échelle, les massacres et la <strong>violence</strong> continuent<br />

dans un Kosovo qui est surveillé et administré par un protectorat <strong>de</strong><br />

l’ONU et <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt, on en vient à se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si nous ne<br />

sommes pas responsables <strong>de</strong>s <strong>violence</strong>s qui se passent au lieu<br />

même où nous avons pris la place du gendarme.<br />

On a récemment découvert, parmi les mémoires qui affleurent,<br />

un type nouveau <strong>de</strong> révélation sur la <strong>violence</strong> inouïe <strong>de</strong> la<br />

conquête coloniale. C’est l’affaire <strong>de</strong> la colonne Voulet-Chanoine au<br />

Tchad, où l’on voit l’aberration totale <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> <strong>violence</strong> <strong>de</strong>s<br />

officiers responsables. Les pays colonisateurs n’ont pratiquement<br />

gardé aucune mémoire d’un épiso<strong>de</strong> dont les pays colonisés, eux,<br />

ont gardé le souvenir. A l’époque, on a débattu pour savoir s’il<br />

fallait ou non faire quelque chose. La page du Mon<strong>de</strong> consacrée à<br />

cette question rappelait les débats où dreyfusards et<br />

antidreyfusards pesaient les conséquences que pourrait avoir, dans<br />

leurs propres polémiques, la révélation <strong>de</strong>s horreurs commises par<br />

la colonne Voulet-Chanoine.<br />

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