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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

Y a-t-il autant d’autres <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> qu’il y a <strong>de</strong> strates dans la<br />

constitution du soi ? Y a-t-il une sorte d’éventail <strong>de</strong>s grammaires<br />

<strong>de</strong> la <strong>violence</strong> qu’il faudrait décliner, par exemple, en relation avec<br />

chaque constitution d’i<strong>de</strong>ntité personnelle ?<br />

Il est bien entendu toutefois que cette polyphonie <strong>de</strong>s<br />

grammaires <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> ne se résume pas ou ne saurait être<br />

épuisée par <strong>de</strong>s concepts négatifs ou oppositifs. La <strong>violence</strong> ne se<br />

définit pas <strong>toujours</strong> par ce qu’elle n’est pas. Elle se définit aussi<br />

par ce qu’elle est. L’un <strong>de</strong>s concepts qu’on associe le plus<br />

couramment à la notion <strong>de</strong> <strong>violence</strong> est celui qui l’assimile à la<br />

force ou à l’usage <strong>de</strong> la force. C’est ce que font <strong>de</strong>s auteurs<br />

classiques comme Georges Sorel ou comme un auteur qui a<br />

beaucoup critiqué Georges Sorel, mais qui partage implicitement<br />

son point <strong>de</strong> vue, Hannah Arendt. Mais la <strong>violence</strong> comme usage<br />

<strong>de</strong> la force, évi<strong>de</strong>mment, n’épuise pas la totalité <strong>de</strong>s configurations<br />

possibles <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. L’objection est immédiate : la définition<br />

<strong>de</strong> la <strong>violence</strong> comme force ou comme usage <strong>de</strong> la force — par<br />

quoi on entend en général la force physique — n’est-elle pas<br />

beaucoup trop restrictive ? Que se passe-t-il dans le langage ? La<br />

menace fait-elle partie <strong>de</strong> la force ? Qu’advient-il <strong>de</strong> la dimension<br />

qu’on appelle perlocutoire du langage ? La phrase suivante <strong>de</strong><br />

Primo Levi, par exemple, est-elle compréhensible si on pense la<br />

<strong>violence</strong> comme force : « Là où l’on fait <strong>violence</strong> à l’homme, on fait<br />

aussi <strong>violence</strong> à la langue » ? Il pense bien sûr à son expérience<br />

concentrationnaire, où il a vu se déliter, se transformer en tout<br />

cas, le langage lui-même.<br />

J’abrège ces remarques. La leçon provisoire que j’en tirerai est<br />

qu’il est en quelque manière vain <strong>de</strong> vouloir i<strong>de</strong>ntifier un concept,<br />

une notion, une caractéristique, une grammaire spécifiques <strong>de</strong> la<br />

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