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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

A travers ce débat sur la création d’un espace politique<br />

pluraliste, je veux évoquer une seule question : comment, quand il<br />

y a eu <strong>de</strong>s crimes, <strong>de</strong> l’innommable, une mémoire peut-elle être<br />

recréée, pour que se reconstitue une société. Dans le cadre du<br />

Kosovo, on est en présence <strong>de</strong> ce que j’appelle le syndrome<br />

algérien. L’Algérie s’est constituée uniquement sur le FLN, le parti<br />

armé, et non sur les partis réformistes qui avaient précédé la<br />

guerre. La situation n’est bien sûr pas comparable à celle <strong>de</strong><br />

Rwanda. Comment reconstituer un espace politique, si on se<br />

contente <strong>de</strong> valoriser la partie violente <strong>de</strong> ceux qui ont permis,<br />

comme ils le disent, <strong>de</strong> libérer cet espace ?<br />

La question est celle <strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong>s temps et <strong>de</strong>s<br />

mémoires. Il y a un temps <strong>de</strong> l’urgence. D’ailleurs, le Kosovo n’est<br />

plus dans le temps <strong>de</strong> l’urgence médiatique. Il y a un temps <strong>de</strong> la<br />

justice. Celui-ci, aujourd’hui, n’est pas prêt <strong>de</strong> s’incarner. Il y a un<br />

temps <strong>de</strong> la mémoire, qui est aujourd’hui extrêmement difficile.<br />

Tous ces éléments négatifs doivent nous amener à être d’autant<br />

plus luci<strong>de</strong>s sur ce qui se passe. En tout cas, nous ne sommes pas<br />

près d’entrer dans une logique du pardon. Nous ne sommes pas<br />

non plus prêts à mettre en place une commission du type <strong>de</strong> celle<br />

qui a fonctionné en Afrique du Sud, « Vérité et Réconciliation »,<br />

qui a d’ailleurs été un échec. Il y a tout un travail <strong>de</strong> l’histoire qui<br />

est là. La <strong>violence</strong> s’est abattue sur ces régions — Serbie incluse.<br />

Des mécanismes <strong>de</strong> pouvoir ont produit ce qui se passe. La mise<br />

en place <strong>de</strong> nouveaux mécanismes <strong>de</strong> pouvoir implique <strong>de</strong>s risques<br />

inquiétants, vis-à-vis <strong>de</strong>squels nous <strong>de</strong>vons rester d’autant plus<br />

vigilants. Quoi qu’il en soit <strong>de</strong> l’évolution régionale <strong>de</strong> la Serbie <strong>de</strong><br />

l’après Milosevic, la question est <strong>de</strong> savoir si Kouchner, en tant<br />

qu’émissaire <strong>de</strong> l’ONU au Kosovo, n’est pas en train <strong>de</strong> préparer ce<br />

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