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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

Mais la paix à laquelle on peut opposer la <strong>violence</strong> peut se dire<br />

aussi en un sens plus prosaïque, celui <strong>de</strong> la paix civile, celle que<br />

les institutions sont chargées <strong>de</strong> préserver et <strong>de</strong> garantir. La paix<br />

peut s’entendre encore comme la paix <strong>de</strong> l’âme, comme l’a fait<br />

récemment Catherine Chalier, dans un livre tout entier inspiré <strong>de</strong><br />

Levinas, où elle montre que la paix <strong>de</strong> l’âme ne se gagne que si<br />

l’on se refuse à refuser l’autre. L’âme, cette entité psychique, doit<br />

nécessairement s’ouvrir à autrui pour que la paix puisse advenir.<br />

La <strong>violence</strong> est dans ce cas une sorte <strong>de</strong> propension exagérée à<br />

s’affirmer soi-même. J’ai décliné trois sens du mot paix où est<br />

désigné l’autre <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Mais dans ces <strong>Rencontres</strong>, on a<br />

également pu entendre Michel Wieviorka opposer la <strong>violence</strong> au<br />

conflit, dans une réflexion que j’ai trouvée fort suggestive. Il<br />

entendait par cela qu’une <strong>violence</strong> canalisée dans <strong>de</strong>s procédures<br />

<strong>de</strong> décision pouvait générer <strong>de</strong> nouvelles normes, et <strong>de</strong>venir ainsi<br />

quelque chose <strong>de</strong> productif La <strong>violence</strong> peut encore s’opposer à<br />

l’amour ou à la reconnaissance — ce qui ne revient pas au même,<br />

car on peut reconnaître p.221 quelqu’un sans l’aimer, comme le fait<br />

par exemple le droit. La <strong>violence</strong> peut trouver son autre dans<br />

l’abolition <strong>de</strong>s médiations. Mais alors, on voit immédiatement que<br />

toute une tradition, <strong>de</strong> Max Weber à Michel Foucault, situe la<br />

<strong>violence</strong> du côté <strong>de</strong>s médiations, qui enferment l’individu. On<br />

pourrait continuer cette énumération.<br />

Pour chacune <strong>de</strong>s oppositions ainsi construites se <strong>de</strong>ssine toute<br />

une grammaire <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Et c’est chaque fois une autre<br />

grammaire qui s’esquisse, une autre notion <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> qui<br />

s’ouvre, ces notions n’étant évi<strong>de</strong>mment pas exclusives, mais bien<br />

plutôt complémentaires. J’aimerais interpeller Paul Ricœur à ce<br />

sujet, pour qu’il nous dise quel est, pour lui, l’autre <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>.<br />

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