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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

Peut-on répondre à la <strong>violence</strong> par la <strong>violence</strong> ? Ou précisément,<br />

est-ce dans la retenue du vouloir vivre, <strong>de</strong> la volonté que se trouve<br />

le chemin ? Il me semble que c’est irréfutablement dans ce sens-<br />

là. C’est là le sens cathartique d’un tel colloque : jamais plus la<br />

<strong>violence</strong>, jamais plus la guerre, même pour combattre la guerre.<br />

Je ne sais pas si c’est possible.<br />

PAUL RICŒUR : Je crois que la piste étymologique que vous avez<br />

évoquée est fausse. Violence ne vient pas <strong>de</strong> volonté. Ces termes<br />

n’ont pas <strong>de</strong> rapport. Je crois qu’il faudrait aller dans une autre<br />

direction, qui nous est donnée par un autre Kant, celui <strong>de</strong> la<br />

philosophie du droit, où il commence avec l’idée que le moi a un<br />

mien, et donc qu’il y une sorte <strong>de</strong> zone d’expansion du propre et<br />

que la <strong>violence</strong>, au fond, c’est pénétrer sur p.235 le territoire <strong>de</strong><br />

l’autre. On présuppose que l’autre, bien sûr, n’est pas invisible,<br />

qu’il est fait <strong>de</strong> chair, mais qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la chair il y a quelque<br />

chose <strong>de</strong> plus, ses vêtements, etc. Je me rappelle que quand les<br />

Soviétiques parlaient <strong>de</strong> la propriété, il restait <strong>toujours</strong> un résidu<br />

auquel on ne pouvait pas toucher — l’inviolabilité <strong>de</strong> tout ce qui<br />

peut être considéré comme l’empire du mien et du sien, que l’on a<br />

dans l’idée du droit, suum cuique red<strong>de</strong>re, « rendre à chacun son<br />

sien ». Kant, je crois, reprenait cette définition du droit.<br />

Qu’est-ce que c’est que le sien ? C’est peut-être ce qu’il faudrait<br />

examiner. Il serait peut-être, dans notre langue, du côté <strong>de</strong>s<br />

pronoms possessifs. Il n’y a pas que moi, il y a mien ; avec toi, il y<br />

a tien, avec soi, sien. Cela fonctionne profondément, et définit une<br />

zone d’avoir. Je reviens à ce que je disais tout à l’heure à propos<br />

du viol <strong>de</strong>s femmes, parce que c’est exactement cela. La<br />

pénétration : vous entrez dans ce qui est le domaine inviolable <strong>de</strong><br />

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