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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> New York, dans In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce Day, Armageddon<br />

ou Godzilla, sont spectaculaires. Mais c’est un spectacle <strong>de</strong><br />

l’illusion documentaire, ou un spectacle <strong>de</strong> la virtualisation <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong>, comme si les extraterrestres ou les monstres du cinéma<br />

fantastique <strong>de</strong>s années cinquante, figures <strong>de</strong> fiction par excellence,<br />

pouvaient, grâce aux effets spéciaux, retrouver vie dans un<br />

univers réaliste mimé. Ce défi semble posé telle une épreuve et<br />

telle une preuve au cinéma américain contemporain : saura-t-il<br />

reconstituer l’apocalypse. Et, tout comme les jeux du cirque<br />

d’autrefois, c’est précisément cette épreuve qui attire les foules<br />

dans les salles <strong>de</strong> cinéma : la seule <strong>violence</strong> qui fasse sens<br />

désormais dans la représentation cinématographique est celle <strong>de</strong><br />

la fin du mon<strong>de</strong>, <strong>violence</strong> définitive, ultime, mais quelque peu<br />

dérisoire. Le temps cinématographique <strong>de</strong> ces films <strong>de</strong> fin du<br />

mon<strong>de</strong>, qui était auparavant, par définition, celui <strong>de</strong> la fiction la<br />

plus fantaisiste, se joue désormais, poussé par la surenchère du<br />

spectacle <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> apocalyptique, sur le mo<strong>de</strong> primaire du<br />

temps historique, celui du document brut, d’un témoignage<br />

reconstitué par l’illusion. Comme si, dans In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce Day ou<br />

Armageddon, New York avait été effectivement réduite en cendres,<br />

comme Hiroshima, et que Roland Emmerich ou Michael Bay, les<br />

<strong>de</strong>ux cinéastes, avaient été présents, tel Iwasaki en 1945. Mais<br />

l’on sait que la fiction, l’illusion, sont ici à la démesure d’un projet<br />

lui-même irraisonnable.<br />

Car ces films semblent inclure en eux-mêmes la punition <strong>de</strong> ce<br />

projet d’égaler par la puissance <strong>de</strong> la représentation le Dieu<br />

créateur et <strong>de</strong>structeur. En ce sens, ces fictions participent d’un<br />

temps cyclique <strong>de</strong>s origines. C’est l’origine du mon<strong>de</strong> qui est<br />

mimée ici en ce qu’elle annonce sa <strong>de</strong>struction même : ce qui a pu<br />

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