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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

est en quelque sorte une banalité freudienne. Mais il me semble<br />

que dans ce qu’on a entendu ces <strong>de</strong>rniers jours, le problème <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong> a rarement été orienté, <strong>de</strong> manière ferme, en direction <strong>de</strong><br />

la question <strong>de</strong> l’autre.<br />

Dans l’intitulé <strong>de</strong> ces <strong>Rencontres</strong>, je pense, contrairement à<br />

d’autres, que la formule « <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong> » s’impose<br />

justement pour la raison que je viens <strong>de</strong> formuler. L’interdit du<br />

meurtre est aussi vieux que la civilisation elle-même. Ce qui est<br />

curieux, dans cet énoncé, c’est qu’on ne sait pas qui l’énonce.<br />

Nous en sommes les <strong>de</strong>stinataires, et les <strong>de</strong>stinataires si possible<br />

contraints. En écoutant hier le catalogue <strong>de</strong>s cruautés commises<br />

dans la guerre <strong>de</strong> Bosnie-Herzégovine, je me disais que cette<br />

galerie d’atrocités, c’était une chose à laquelle, il faut quand même<br />

le dire, nous sommes habitués — non au sens d’une<br />

accoutumance, mais à celui d’un contact que nous avons déjà eu<br />

plus d’une fois. Les viols collectifs, les massacres <strong>de</strong> populations<br />

civiles désarmées, hélas, tout cela, nous y avons déjà eu affaire. Il<br />

faut rappeler que nous y avons eu affaire dans une époque à la<br />

suite <strong>de</strong> laquelle nous avons dit : jamais plus. Jamais plus <strong>de</strong><br />

purification ethnique, jamais plus d’agression <strong>de</strong> civils désarmés,<br />

pour <strong>de</strong>s raisons ethniques ou raciales. Ce « jamais plus » qui est<br />

issu du traumatisme laissé par le nazisme, nous n’avons pas<br />

encore prouvé que nous étions capables <strong>de</strong> le mettre en œuvre et<br />

<strong>de</strong> l’appliquer. Je crois que la balle est malheureusement dans<br />

notre camp à tous, concernant cette situation.<br />

J’aimerais aussi poser, dans la lancée <strong>de</strong> ce qu’a dit Paul<br />

Ricœur, la question <strong>de</strong> l’exceptionnalité historique. Il est certain,<br />

me semble-t-il, qu’il y a une exceptionnalité <strong>de</strong> la Shoah. Mais,<br />

Ricœur s’est employé à le montrer, elle est difficile à penser et à<br />

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