24.06.2013 Views

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

numérisation informatiques : il est totalement virtuel. Cette<br />

virtualité permet certes <strong>de</strong> filmer <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> <strong>de</strong> façon « réaliste »<br />

— les cris <strong>de</strong>s acteurs, les explosions, la ville qui brûle —, autorise<br />

une technique presque parfaite d’intégration du monstre dans<br />

l’image vue, mais défait cependant la représentation <strong>de</strong> cette<br />

image. Ce phénomène rejoint et renforce le processus <strong>de</strong><br />

reproductibilité <strong>de</strong> l’image. La reproductibilité proliférante et la<br />

virtualité technique ont encouragé la <strong>violence</strong> dans l’image mais nié<br />

la <strong>violence</strong> <strong>de</strong> l’image. Dans ces films, la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> New York,<br />

pris comme emblème <strong>de</strong> la ville ultracivilisée, Babylone mo<strong>de</strong>rne,<br />

est ainsi comparable à un jeu vidéo <strong>de</strong> construction/déconstruction<br />

géant offert au spectateur, où ce <strong>de</strong>rnier est, à la fois, dans l’image,<br />

pris au piège <strong>de</strong> l’apocalypse, et aux manettes <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong>,<br />

assistant à la <strong>de</strong>struction avec une certaine distance. Auparavant, le<br />

signe <strong>de</strong> la fin du mon<strong>de</strong> était la découverte <strong>de</strong>s vestiges <strong>de</strong> New<br />

York (La Planète <strong>de</strong>s singes, New York 1997) ; désormais, cette<br />

épreuve est associée à la <strong>de</strong>struction même <strong>de</strong> la ville mo<strong>de</strong>rne,<br />

comprise telle un immense jeu vidéo.<br />

Il manque ainsi à ce cinéma un véritable effet <strong>de</strong> terreur ou<br />

d’effroi, tel que pouvaient l’enregistrer, par la simplicité <strong>de</strong><br />

l’enregistrement brut ou, au contraire, par la complexité du cinéma<br />

mo<strong>de</strong>rne, le Japonais Iwasaki à Hiroshima ou les Français Resnais<br />

et Marker en p.053 réfléchissant les effets <strong>de</strong> la bombe. Malgré ses<br />

capacités réalistes <strong>de</strong> trucage et d’effets spéciaux, le cinéma<br />

contemporain est impuissant à assumer la peur fin <strong>de</strong> siècle qui<br />

pouvait, autrefois, habiter les hommes. Sans doute car l’image s’est<br />

laïcisée : en elle, la crainte <strong>de</strong> Dieu s’est largement érodée, <strong>de</strong><br />

même que la gloire meurtrie <strong>de</strong>s martyrs ; car l’image s’est<br />

reproductibilisée et virtualisée : la peur concrète <strong>de</strong> la catastrophe<br />

72

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!