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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

d’élaboration <strong>de</strong> notre propre haine. Il faut commencer par la<br />

reconnaître en soi et dans la communauté à laquelle on appartient.<br />

PAUL RICŒUR : D’autre part il faut que ce concept soit plus<br />

affiné, parce que si on a simplement la non-reconnaissance <strong>de</strong><br />

l’autre, c’est tout et n’importe quoi. J’essaie <strong>de</strong> pousser dans la<br />

même direction avec l’idée <strong>de</strong> place. Faire place à l’autre. Cela<br />

peut aller dans le cadre d’un discours levinassien. On a besoin <strong>de</strong><br />

place. Et qu’est-ce que c’est que la place ? On occupe une place, il<br />

faut qu’il y ait <strong>de</strong> la place. C’est le non-contact, et donc la non-<br />

pénétration. Est-ce que la <strong>violence</strong> ne commence pas quand non<br />

seulement je ne fais pas <strong>de</strong> place à l’autre, mais j’occupe sa place.<br />

Il y a p.237 toute une sémantique du lieu qu’on occupe. Il existe un<br />

concept politique effrayant, mais dont la base était bonne :<br />

Lebensraum, l’espace <strong>de</strong> vie. Il y a <strong>de</strong> l’espace là-<strong>de</strong>dans. De<br />

l’espace à ne pas franchir, à ne pas occuper. On retrouve peut-être<br />

cela dans la mise à distance, dans l’idée <strong>de</strong> mettre à sa place.<br />

Dans la <strong>violence</strong>, il y a le refus <strong>de</strong> la distance. Le coup porté sur la<br />

figure, c’est l’immédiateté, la non-distance corporelle.<br />

MARIE-PIERRE MESTRE : Je suis frappé par le fait qu’on parle<br />

peu <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> qui ne se produit pas par effraction. Il me<br />

semble que parfois la <strong>violence</strong> s’exerce par manque d’effraction. Je<br />

pense à <strong>de</strong>s <strong>violence</strong>s psychologiques. Ou par exemple aux pères<br />

qui n’opposent pas leur force à leurs enfants, à certains moments.<br />

Il ne s’agit pas d’exercer une <strong>violence</strong> physique. Mais c’est une<br />

forme <strong>de</strong> <strong>violence</strong> qu’on rencontre souvent aujourd’hui. Je ferai le<br />

parallèle avec la <strong>violence</strong> du silence et <strong>de</strong> l’indifférence, qui peut<br />

être plus grave et plus insidieuse que celle du coup porté<br />

physiquement. Mais je crois que c’est une <strong>violence</strong>. Pour moi, il<br />

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