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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

par conséquent il faut se battre à mort contre le mon<strong>de</strong>. D’où<br />

l’i<strong>de</strong>ntification du mon<strong>de</strong> entier au grand Satan, avec l’Amérique<br />

en figure <strong>de</strong> proue. A cela s’ajoute un sentiment profond <strong>de</strong><br />

culpabilité : si la révolution a échoué, pensent-ils, c’est qu’ils ont<br />

manqué à leur <strong>de</strong>voir envers elle, en tant que p.136<br />

révolutionnaires ; par conséquent ils se sentent coupables, et la<br />

seule façon qu’ils ont <strong>de</strong> se racheter est <strong>de</strong> passer par la mort.<br />

Voilà une construction obsidionale, où l’on voit émerger un individu<br />

que je qualifierai d’individu « dans la mort », qui est <strong>de</strong>venu en<br />

Iran, en l’espace <strong>de</strong> quelques années, une figure importante — la<br />

guerre contre l’Irak, dans laquelle ils ont servi <strong>de</strong> chair à canon, a<br />

fait aux alentours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent mille morts.<br />

Ces <strong>de</strong>ux formes d’ubris me paraissent intéressantes. D’un côté<br />

celle <strong>de</strong> ces jeunes qui donnent parfois dans l’agressivité, parce<br />

qu’ils n’arrivent pas à donner à leur malaise une forme politique —<br />

en ce sens que c’est l’impossibilité <strong>de</strong> constituer une vision <strong>de</strong> soi<br />

et <strong>de</strong> l’autre en termes politiques et <strong>de</strong> conflictualiser ces rapports<br />

qui pose problème. Ils souffrent donc d’une déficience politique. De<br />

l’autre côté, il y a pléthore <strong>de</strong> politique, à savoir un projet<br />

révolutionnaire sacralisé au nom <strong>de</strong> l’islam, et qui du fait même <strong>de</strong><br />

son effondrement, lui-même dû à l’impossibilité <strong>de</strong> réaliser<br />

l’utopie, donne lieu à une autre forme d’agressivité. Celle-ci, en un<br />

sens, paraît beaucoup plus profon<strong>de</strong>, ne serait-ce que parce que<br />

l’Etat islamiste a tout fait pour accentuer cette dimension-là dans<br />

la guerre contre l’Irak.<br />

Entre ces <strong>de</strong>ux formes d’ubris, qui débouchent sur la <strong>violence</strong>,<br />

existe une possibilité. Dans les sociétés mo<strong>de</strong>rnes, surtout<br />

occi<strong>de</strong>ntales et européennes, cette possibilité s’incarne dans un<br />

processus dont a parlé Michel Wieviorka, dont parle Touraine et<br />

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