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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

La <strong>violence</strong> <strong>de</strong> l’histoire se double souvent d’une <strong>violence</strong> <strong>de</strong><br />

l’image, ou d’une image qui, sur le moment même, a été ressentie<br />

telle une nouvelle <strong>violence</strong> faite à l’image et au mon<strong>de</strong>, violant la<br />

légitimité <strong>de</strong>s anciennes, imposant à travers un coup <strong>de</strong> force,<br />

pratique et théorique, un mo<strong>de</strong> inédit <strong>de</strong> la représentation. On a<br />

fini, certes, <strong>de</strong> s’entre-tuer pour <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong> p.039 se massacrer<br />

à leurs propos, mais la <strong>violence</strong> <strong>de</strong> ces images n’en est pas moins<br />

éclatante, dite désormais par les mots <strong>de</strong>s débats et <strong>de</strong>s<br />

discussions qui s’entrechoquent, cet ekphrasis paroxistique qui n’a<br />

pas cessé <strong>de</strong>puis le XVIII e siècle. Chacune <strong>de</strong> ces crises <strong>de</strong> la<br />

représentation s’accompagne d’intenses polémiques où les mots<br />

signifient la <strong>violence</strong> <strong>de</strong> l’image : l’affirmation <strong>de</strong> la critique d’art à<br />

la fin <strong>de</strong>s Lumières, à travers l’événement public et polémique que<br />

<strong>de</strong>vient la visite au Salon <strong>de</strong> peinture ; la mise à mal <strong>de</strong> la figure<br />

royale au début <strong>de</strong> la Révolution française et l’invention parallèle<br />

d’un nouveau héros laïc, martyrs républicains s’attribuant (par<br />

exemple grâce à Jacques-Louis David) les meurtrissures<br />

iconographiques <strong>de</strong>s saints d’auparavant ; la naissance sulfureuse<br />

<strong>de</strong> la photographie, absolument en phase avec la puissance<br />

technicienne et mécanique <strong>de</strong> la révolution industrielle ; les crises<br />

<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’impressionnisme au cubisme puis à<br />

l’abstraction, qui touchent à mort le XIX e siècle et font surgir, dans<br />

la douleur créatrice, la <strong>violence</strong> <strong>de</strong>s passions, la fureur <strong>de</strong>s débats,<br />

le nouveau regard d’un siècle ; l’invention du cinéma, enfin, qui fut<br />

à la fois un immense espoir — ce rêve <strong>de</strong> captation réaliste du<br />

mon<strong>de</strong> enfin concrétisé —, un indépassable succès — le début<br />

d’une culture <strong>de</strong> masse —, et une non moins immense et<br />

indépassable angoisse : le rêve, le succès, passaient par <strong>de</strong>s<br />

fantômes qui, privés <strong>de</strong> paroles et <strong>de</strong> couleurs, erraient<br />

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