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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

fugitivement sur l’écran, traversant une salle plongée dans<br />

l’obscurité d’un caveau. L’image nouvelle est d’emblée mortifère,<br />

c’est sa <strong>violence</strong>, celle qui accompagnera, telle un spectre fidèle,<br />

les gran<strong>de</strong>s mises à mort d’un siècle tueur. Car l’image<br />

cinématographique ne s’incarnera jamais tant qu’en enregistrant,<br />

directement, simplement, mécaniquement, la mort à l’œuvre sur<br />

les corps. Images d’hommes qui viennent à mourir, images<br />

d’exécutions capitales, images <strong>de</strong> dévastation, toutes ces images<br />

qui sont le lot commun du spectacle cinématographique <strong>de</strong> la Belle<br />

Epoque, préludant à la <strong>violence</strong> terrible <strong>de</strong> l’irreprésentable<br />

représenté : les camps <strong>de</strong> la mort qui, durant le printemps et l’été<br />

1945, s’ouvrent enfin à une liberté hébétée, mais aussi aux<br />

caméras qui suivent les armées américaines ; ou encore Hiroshima<br />

ou Nagasaki, ruines atomisées, corps et biens, saisies par l’œil<br />

froid <strong>de</strong>s documents filmés in situ. Cet enregistrement, par son<br />

mécanisme même, neutre et simple, est terrible, et sa <strong>violence</strong><br />

d’autant plus présente qu’elle est tenue, retenue. D’ailleurs,<br />

longtemps, les soldats et les opérateurs ne sauront que faire <strong>de</strong><br />

ces images : les montrer, les conserver, les gar<strong>de</strong>r secrètes, les<br />

monter, les commenter ? Ces images montrent une <strong>violence</strong><br />

indépassable, et font <strong>violence</strong> par leur retrait même : aucun<br />

« masque » formel, pas p.040 <strong>de</strong> mise en scène, seul<br />

l’enregistrement <strong>de</strong> ce qui doit être vu pour ne pas oublier la<br />

terreur <strong>de</strong>s camps. Le siècle ne trouvera pas d’autre image que<br />

celle-ci pour dire sa <strong>violence</strong> : les charniers, les résidus <strong>de</strong>s corps<br />

entassés, les corps mêmes, décharnés, fantomatiques, que George<br />

Stevens, par exemple, a captés à l’ouverture <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> la<br />

mort. Les images d’aujourd’hui, et leur <strong>violence</strong> représentée, sont<br />

nées <strong>de</strong> ces images terribles <strong>de</strong> <strong>toujours</strong>, et, dans le même temps,<br />

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