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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

formulerai les choses différemment. Je dirais que nous sommes <strong>de</strong><br />

plus en plus d’accord pour appeler <strong>violence</strong> certains<br />

comportements. Ce fait est un trait fondamental <strong>de</strong> notre<br />

sensibilité morale. Je proposerais <strong>de</strong> renverser ce que suggère le<br />

sous-titre « <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong> ». Plutôt que <strong>de</strong> supposer une<br />

naissance ou un objet stable qui serait la <strong>violence</strong>, qu’il s’agirait<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier conceptuellement ou empiriquement, je dirais que ce<br />

n’est pas à nous <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’est la p.230 <strong>violence</strong>, mais à la<br />

<strong>violence</strong> <strong>de</strong> dire qui nous sommes. En cela, précisément, la<br />

<strong>violence</strong> est un concept spéculaire qui renvoie à notre i<strong>de</strong>ntité<br />

morale. Et c’est pour cette raison-là que je nierais une naissance<br />

<strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Elle est aussi évolutive que notre i<strong>de</strong>ntité morale.<br />

PAUL RICŒUR : Sur l’exceptionnalité morale, j’ai donné une clef,<br />

mais je ne l’ai pas suivie, parce que je l’avais fait ailleurs, lorsque<br />

j’avais proposé <strong>de</strong> dire que l’horrible était l’inverse du sublime. Or<br />

dans l’esthétique du sublime <strong>de</strong> Kant, qui est aussi une partie <strong>de</strong><br />

l’esthétique du goût, il y a cette proposition générale que l’objet du<br />

goût est singulier. Il est sans concept. Il ne faut pas oublier que<br />

tous les objets <strong>de</strong> l’esthétique sont sans concept. Comment ce qui<br />

n’a pas <strong>de</strong> concept est-il universalisable ? Par la communicabilité.<br />

J’ai essayé <strong>de</strong> terminer avec l’idée <strong>de</strong> la singularité exemplaire, à<br />

savoir que c’était l’exemplarité qui joignait, en quelque sorte, la<br />

singularité à une sorte <strong>de</strong> généralité. Mais c’est une généralité qui<br />

consiste à faire exemple. Je ne sais pas où cela mène. Car je<br />

présuppose, en quelque sorte, une relation en miroir du sublime et<br />

<strong>de</strong> l’horrible. Mais cette idée me paraît appuyée par une relation en<br />

miroir que j’ai trouvée chez Nabert lorsqu’il parle du durnum en<br />

négatif, comme précisément le négatif <strong>de</strong> la vénération : qui est<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s normes, qui n’est pas exigible. Ce que les<br />

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