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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

entre <strong>de</strong>s puissances étatiques qui sont là. On peut choisir le<br />

modèle bipolaire ou multipolaire, le débat n’est pas là. Je<br />

remarque aujourd’hui qu’un autre discours est en train <strong>de</strong><br />

s’imposer. Ce n’est même pas celui <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong>s cultures. C’est<br />

celui <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s, qui est <strong>de</strong> plus en plus mis en<br />

avant, et selon lequel il existe <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s qui laissent <strong>de</strong> plus en<br />

plus indifférents. « Qu’est-ce que j’ai à faire d’une guerre dont je<br />

ne connais pas même le nom », disait le protagoniste d’un film.<br />

Discours <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s d’un côté, discours sur<br />

l’anarchisme généralisé <strong>de</strong> l’autre. Un article d’un politologue,<br />

Robert Kaplan, illustre cette tendance. On est passé d’un discours<br />

<strong>de</strong> la pacification, qu’accompagnait l’idée d’un dépassement <strong>de</strong>s<br />

Etats, d’une montée au-<strong>de</strong>ssus du politique, à un discours plus<br />

conflictuel qui tend aujourd’hui, aussi bien sur le plan politique<br />

qu’i<strong>de</strong>ntitaire, à p.059 penser en termes <strong>de</strong> séparation <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s,<br />

ce qui implique l’indifférence. On n’est même plus dans l’idée d’une<br />

guerre <strong>de</strong>s cultures.<br />

Cela m’amène à m’interroger sur ce qui spécifie la pério<strong>de</strong><br />

contemporaine, <strong>de</strong> manière moins idéologique et plus concrète. Il<br />

y a l’extension du nombre <strong>de</strong>s Etats. J’en ai déjà parlé. Il y a<br />

ensuite et surtout le glissement d’une <strong>violence</strong> guerrière classique,<br />

interétatique, au sens klausewitzien, à une <strong>violence</strong> civile. Celle-ci<br />

prend essentiellement la forme du massacre plutôt que <strong>de</strong> la<br />

guerre — au sens du champ <strong>de</strong> bataille. Elle n’affecte pas <strong>de</strong>s<br />

armées qui seraient l’une face à l’autre, mais a tendance à toucher<br />

les civils, la société civile elle-même. Il faut essayer d’articuler ces<br />

<strong>de</strong>ux phénomènes, qui sont essentiels. D’un côté, les Etats n’ont<br />

pas disparu, et il faut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’ils <strong>de</strong>viennent. De l’autre,<br />

on glisse vers une <strong>violence</strong> touchant les civils. Le schéma classique<br />

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