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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

fois décrite et souhaitée. En décrivant on dénonce. En dénonçant<br />

on fait signe vers quelque chose. Le couple oppositionnel <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong> et <strong>de</strong> son autre est intéressant à cet égard. Il y a donc<br />

une sorte <strong>de</strong> double codage <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> <strong>violence</strong>, à la fois<br />

<strong>de</strong>scriptive et normative.<br />

Nous savons <strong>de</strong>puis <strong>toujours</strong> ce que c’est que la <strong>violence</strong>. Il y a<br />

double codage <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Si nous mettons en rapport ces <strong>de</strong>ux<br />

faits, nous voyons me semble-t-il que la notion <strong>de</strong> <strong>violence</strong> est au<br />

carrefour <strong>de</strong> ce que nous pourrions appeler notre i<strong>de</strong>ntité morale.<br />

J’entends par i<strong>de</strong>ntité morale la manière dont nous nous<br />

appréhendons nous-mêmes et les autres, <strong>de</strong> manière<br />

fondamentale. Je dirai par exemple que sous l’Ancien Régime, soi-<br />

même et autrui se percevaient comme sujets du roi, et que <strong>de</strong>puis<br />

l’avènement <strong>de</strong>s sociétés démocratiques, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux cents ans,<br />

on ne se perçoit plus comme sujet du roi, mais comme sujet <strong>de</strong><br />

droit. C’est fondamentalement différent. A cet égard, les analyses<br />

<strong>de</strong> Norbert Elias, auxquelles on ne s’est à mon avis pas assez<br />

référé pendant ces <strong>Rencontres</strong>, sont tout à fait fondamentales. Il<br />

montre par exemple, textes à l’appui, l’espèce <strong>de</strong> jouissance qu’il y<br />

avait à voler, tuer et piller au Moyen Age, chose absolument p.229<br />

incompatible avec les citoyens d’une société démocratique. Chaque<br />

nouvelle appréhension <strong>de</strong> soi, chaque nouvelle forme <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité<br />

morale impliquent en quelque sorte une nouvelle appréhension <strong>de</strong><br />

la <strong>violence</strong>. Il y aurait ainsi une <strong>violence</strong> spécifiquement<br />

démocratique, spécifiquement liée au sujet démocratique. C’est<br />

dans ce sens que j’entends que la <strong>violence</strong> est un concept<br />

spéculaire, au sens <strong>de</strong> speculum, le miroir, c’est-à-dire qu’elle est<br />

le reflet <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité morale, <strong>de</strong> ce que nous jugeons<br />

inacceptable au titre <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. C’est ce à quoi renvoie, me<br />

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