24.06.2013 Views

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

profondément la Chrétienté ; guerre dont les effets, sans doute,<br />

sont encore « visibles » aujourd’hui, même si l’on en mesure<br />

désormais surtout la décrue, parfois même l’oubli. Donner un<br />

corps à sa croyance, donc vouloir la représenter grâce à un certain<br />

nombre <strong>de</strong> récits visuels <strong>de</strong>s corps, c’était faire <strong>violence</strong>. Et cette<br />

<strong>violence</strong> déclenche, pour ainsi dire, <strong>de</strong> multiples réactions <strong>de</strong><br />

contre-<strong>violence</strong>, échanges qui ont fait que, souvent, le débat sur<br />

l’image n’est pas resté débat, que ce débat s’est orné <strong>de</strong> figures,<br />

<strong>de</strong> représentations, <strong>de</strong> pratiques ultra-violentes : sans doute est-<br />

ce autour <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong> leur existence même, <strong>de</strong> leur possibilité,<br />

<strong>de</strong> leur légitimité, parfois <strong>de</strong> leur vérité ou <strong>de</strong> leur conformité, que<br />

l’histoire du mon<strong>de</strong> a été, pendant longtemps, une histoire<br />

meurtrière. La <strong>violence</strong> <strong>de</strong> l’image est faite <strong>de</strong> ces cadavres<br />

innombrables, <strong>de</strong> ces guerres, <strong>de</strong> ces dogmes et interdits qui<br />

engendrent les massacres.<br />

Je dirais, ensuite, que ces massacres, que ces cadavres, ont été<br />

également beaucoup représentés : images <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, donc.<br />

Pendant longtemps, la représentation est largement dominée par<br />

cette <strong>violence</strong> montrée, désignée, codifiée, désirée. L’image, dans<br />

la tradition p.038 catholique qui lui donne légitimité et gloire en lui<br />

confiant la mission <strong>de</strong> représenter le corps <strong>de</strong> la communauté<br />

croyante, est, quasi par définition, une image <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Il<br />

s’agissait essentiellement <strong>de</strong> représenter le Christ en croix, image<br />

archétypale, mère <strong>de</strong> toutes les images : là où la foi se fait corps.<br />

Les stigmates, les meurtrissures, le sang, la mise à mort, seuls,<br />

engendrent un corps <strong>de</strong> gloire, un corps qui se nie comme corps<br />

pour <strong>de</strong>venir esprit, mais dont l’image fixe pourtant <strong>toujours</strong> un<br />

corps, <strong>de</strong>venu beauté idéale, céleste, incarnation rêvée. Entre ce<br />

corps <strong>de</strong> souffrance, ce cadavre meurtri, et ce corps idéal, se tient<br />

49

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!