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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

Ces phénomènes peuvent sans doute être liés à la question<br />

historique <strong>de</strong> l’émergence <strong>de</strong> seuils <strong>de</strong> sensibilité nouveaux et d’une<br />

mé<strong>de</strong>cine légale qui cherche à qualifier légalement les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong><br />

<strong>violence</strong> et <strong>de</strong> douleur.<br />

Autre déploiement institutionnel remarquable, celui <strong>de</strong> la<br />

psychiatrie. Depuis sa naissance, elle est engagée dans un<br />

processus à la fois légal et intellectuel, tendant à poser la question<br />

<strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Elle est par exemple tentée <strong>de</strong> psychiatriser les<br />

agresseurs. Elle <strong>de</strong>vient elle-même, au fond, en psychiatrisant un<br />

certain nombre d’individus, dont les agresseurs. Ce processus, lui<br />

aussi, est engagé <strong>de</strong>puis un peu moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux siècles. Ces <strong>de</strong>ux<br />

exemples, mé<strong>de</strong>cine légale et psychiatrie, constituent dans<br />

l’histoire institutionnelle <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong>ux cas idéaux, <strong>de</strong>s<br />

paradigmes <strong>de</strong> ce qu’on a appelé le processus <strong>de</strong> médicalisation <strong>de</strong><br />

la société.<br />

Ce processus engendre à son tour un certain nombre d’attitu<strong>de</strong>s<br />

ou <strong>de</strong> positions dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles sont<br />

extrêmement ambivalentes. Si l’on considère l’ambivalence <strong>de</strong> la<br />

médicalisation <strong>de</strong> la société sous l’angle <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, les dérives<br />

dont a parlé Semyon Gluzman apparaissent sous un jour nouveau.<br />

Elles cessent d’être une folie plus ou moins occasionnelle. Quand<br />

on parle <strong>de</strong> médicalisation, on se place, en partie du moins, dans<br />

la perspective du livre classique <strong>de</strong> Michel Foucauld et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

qui abor<strong>de</strong>nt la mé<strong>de</strong>cine comme une discipline <strong>de</strong>s corps. La<br />

légitimité <strong>de</strong> la notion d’intégrité <strong>de</strong>s corps est remise en cause,<br />

tant sur le plan légal que sur le plan éthique. Historiquement, on<br />

peut déchiffrer le déploiement <strong>de</strong> la santé publique comme un<br />

progrès considérable pour le bien-être <strong>de</strong>s individus. Mais on peut<br />

aussi l’interpréter comme une <strong>violence</strong> faite au corps et une mise<br />

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