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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

qui, vous l’avez dit, se définit comme celle pour laquelle il n’y a<br />

pas d’échelle <strong>de</strong> comparabilité, et pour laquelle aucune différence<br />

ne peut être établie puisqu’elle relève <strong>de</strong> l’incommensurable. On<br />

ne peut même plus dire : c’est innommable, parce que la langue<br />

ne permet <strong>de</strong> dire que ce qui est nommable. La langue dit en quoi<br />

les faits sont catégorisables. Sauf à avoir recours comme<br />

Bau<strong>de</strong>laire à la rhétorique <strong>de</strong> Satan, je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ce qu’a dit<br />

Mark Hunyadi <strong>de</strong> l’intérêt du fait divers ne pourrait pas être<br />

l’occasion d’une refiguration <strong>de</strong> cet innommable, permettant à<br />

chaque fois <strong>de</strong> mieux l’i<strong>de</strong>ntifier.<br />

PAUL RICŒUR : Cela me ramène à ma question initiale. Est-ce<br />

qu’il n’y a pas un ordre du non catégorisable ? Pour Kant, c’était<br />

l’objet esthétique. p.244 Est-ce qu’on peut déporter l’objet esthétique<br />

dans le domaine du juste, à travers le blâme et la louange ? Je<br />

réfléchis actuellement, pour un travail que je suis en train <strong>de</strong><br />

préparer, à la disparition <strong>de</strong> la louange dans le travail<br />

historiographique. Tous les historiens ont fonctionné à la louange.<br />

Un historien du XVII e ou du XVIII e siècle faisait la distinction entre<br />

la louange et la flatterie. Louis Marin, dans son Portrait du roi, avait<br />

beaucoup réfléchi là-<strong>de</strong>ssus. Il avait montré le travail d’un historien<br />

qui disait comment fonctionne la louange. Elle doit être tellement<br />

dissimulée, dit-il, que ce soit le lecteur qui fait la louange. Est-ce<br />

que nous avons éliminé la louange <strong>de</strong> notre discours ? Si nous<br />

l’avons éliminée, il faut éliminer aussi le blâme. C’est le problème<br />

d’Aristote. L’épidictique, à côté du délibératif et du judiciaire, c’est<br />

la louange. Personnellement, je ne crois pas que la louange ait<br />

disparu. Je pense aux catégories <strong>de</strong> Boltanski et d’autres sur la<br />

gran<strong>de</strong>ur. Nous avons <strong>toujours</strong> l’idée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur. Et si nous avons<br />

l’idée <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur, nous avons celle <strong>de</strong> la petitesse, du médiocre,<br />

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