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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

une culture religieuse, une pratique religieuse ou un sacrifice.<br />

Toute réflexion sur p.172 la douleur du corps violenté porte d’ailleurs<br />

sur le corps et l’esprit, et ce n’est pas par hasard que l’on peut<br />

intégrer une réflexion à la fois sur la psychiatrie et sur le<br />

traitement médical du corps violenté.<br />

La douleur est physique. La souffrance est morale. La<br />

souffrance requiert un sujet animé et renvoie à une personne qui<br />

porte, supporte ou éprouve la souffrance. La douleur n’est pas<br />

celle du sujet, mais celle d’un organe, qui nous permet <strong>de</strong><br />

subjectiver la douleur dans le corps. Le corps violenté, finalement,<br />

est un objet historique passionnant, parce qu’il est le même objet,<br />

dans la même démarche, pour le juge et pour le mé<strong>de</strong>cin. Le juge<br />

note la plainte du sujet qui vient dénoncer un crime, le mé<strong>de</strong>cin<br />

note l’inquiétu<strong>de</strong> du mala<strong>de</strong>. La conséquence <strong>de</strong> cet acte est<br />

double et symétrique. Le premier va ordonner une peine en<br />

fonction <strong>de</strong> la défiguration, donc du crime, le second va déterminer<br />

la thérapie en fonction <strong>de</strong> la pathologie diagnostiquée. La plainte<br />

par laquelle une personne dénonce la <strong>violence</strong> qu’elle a subie dans<br />

son corps, constitue donc un acte social et culturel dont la<br />

formulation évolue dans l’histoire. Elle exprime, je crois, le<br />

ressentiment <strong>de</strong> la souffrance, naturalisé dans le corps et<br />

subjectivé dans l’esprit <strong>de</strong> la victime par la plainte.<br />

Pour les historiens comme pour les anthropologues, dans la<br />

longue durée <strong>de</strong>s sociétés et <strong>de</strong>s sensibilités (j’insiste sur ce<br />

<strong>de</strong>rnier terme : il a été notablement absent <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts<br />

débats), le corps violenté est une figure défigurée <strong>de</strong> l’être<br />

humain, repérable <strong>de</strong>puis l’Antiquité la plus haute jusqu’à l’époque<br />

la plus contemporaine. On sait que le XX e siècle s’est ouvert par le<br />

massacre <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Guerre dans les tranchées. Il se<br />

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