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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

<strong>violence</strong>, une caractéristique qui résumerait à elle seule toute<br />

l’idée <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Je crois que c’est une démarche vaine. Ceci<br />

met d’ailleurs en question le titre même <strong>de</strong> ces <strong>Rencontres</strong>. Si la<br />

<strong>violence</strong> est « <strong>de</strong> <strong>toujours</strong> », c’est p.222 qu’il y a une essence <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong>, quelque chose <strong>de</strong> permanent, qui traverse le temps, et<br />

par conséquent quelque chose <strong>de</strong> positivement i<strong>de</strong>ntifiable.<br />

Quelque chose qu’on pourrait i<strong>de</strong>ntifier aussi positivement que les<br />

atomes <strong>de</strong> la matière. Je crois, en tout cas c’est la conclusion<br />

provisoire sur laquelle j’aimerais clore cette introduction, qu’il est<br />

vain <strong>de</strong> vouloir rechercher un concept unitaire <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>.<br />

SERGE MARGEL : Je ne vais pas non plus tenter <strong>de</strong> définir la<br />

<strong>violence</strong>. Mais je vais essayer <strong>de</strong> donner un cadre à ce qui aura<br />

été, dans notre culture occi<strong>de</strong>ntale, un premier récit autour du<br />

concept <strong>de</strong> <strong>violence</strong>, autour <strong>de</strong> l’événement <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>. Il s’agit<br />

du récit fameux <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Troie, entre l’Ilia<strong>de</strong> et l’Odyssée,<br />

tel qu’il s’est transformé dans les tragédies, et en particulier dans<br />

la trilogie d’Eschyle, l’Orestie. Je rappelle qu’il s’agit <strong>de</strong><br />

l’enlèvement d’Hélène par Pâris. Agamemnon, qui voulait<br />

reprendre Hélène aux Troyens, a dû sacrifier sa fille Iphigénie pour<br />

permettre un bon présage. Au retour <strong>de</strong> la guerre, sa femme<br />

Clytemnestre, mère d’Iphigénie, tue Agamemnon. Leur fils, à son<br />

tour, va tuer sa mère. Il y a là un enchaînement <strong>de</strong> meurtres.<br />

C’est le cycle <strong>de</strong>s vengeances. L’Orestie d’Eschyle va essayer <strong>de</strong><br />

montrer comment ce cycle se déplace en institutions judiciaires.<br />

Pour mettre un terme au cycle <strong>de</strong>s vengeances, il faut instaurer<br />

une institution judiciaire autonome, capable <strong>de</strong> sanctionner le<br />

crime sans recourir au crime. C’est justement ce que l’Orestie<br />

d’Eschyle met en scène. On peut dire que ce cycle tragique retrace<br />

le passage du principe <strong>de</strong> vengeance au pouvoir judiciaire. Celui-ci<br />

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