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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

rapport entre l’institution pénale et l’évolution <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />

<strong>violence</strong>. On a évoqué la prison. Je crois qu’il y a quelque chose à<br />

en dire. On a suivi l’exemple américain, et la pénalisation est<br />

<strong>de</strong>venue en Europe une question compliquée. On n’assiste pas<br />

seulement à un accroissement <strong>de</strong> la pénalisation. Les peines<br />

s’allongent. J’aimerais qu’on revienne sur le rapport entre la<br />

<strong>violence</strong> et l’intervention <strong>de</strong> l’institution pénale.<br />

On parle <strong>de</strong> plus en plus, aujourd’hui, du viol dans le cadre <strong>de</strong><br />

massacres collectifs et dans le cadre <strong>de</strong> la <strong>violence</strong> privée. Ma<br />

question s’adresse aux historiens. Le problème du viol n’est pas<br />

uniquement celui <strong>de</strong> l’espace privé. On a l’impression que dans les<br />

représentations qu’on en a, le viol affecte l’histoire, qu’elle soit<br />

privée ou publique. Quand on considère la cruauté que vous avez<br />

décrite, on constate que la volonté <strong>de</strong> mutiler les corps revient<br />

aussi à vouloir les faire disparaître — les charniers en témoignent<br />

—, et donc à vouloir qu’ils ne soient plus i<strong>de</strong>ntifiables. Rendre le<br />

corps non i<strong>de</strong>ntifiable, c’est aller jusqu’au bout <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction.<br />

Cela pose <strong>de</strong>s problèmes à celui qui essaie <strong>de</strong> mesurer comme à<br />

celui qui essaie <strong>de</strong> juger. C’est le problème du Tribunal<br />

international. Dans le cas du viol, il ne s’agit pas <strong>de</strong> détruire une<br />

communauté. Souiller une femme, en particulier en Bosnie-<br />

Herzégovine, c’est la rendre indigne d’appartenir à sa propre<br />

ethnie. C’est quelque chose <strong>de</strong> très fort, et pas une simple volonté<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>struction dans un conflit. Cela va plus loin. C’est une manière<br />

<strong>de</strong> dire : tu ne seras plus jamais toi-même, et si tu as un enfant, il<br />

sera <strong>de</strong> moi. N’y a-t-il pas, dans cette volonté <strong>de</strong> faire disparaître<br />

le corps, quelque chose d’inédit ? Je n’évoque pas, bien sûr, le<br />

nazisme et les génoci<strong>de</strong>s que l’on connaît.<br />

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