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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

d’emploi, du chômage, <strong>de</strong> l’exclusion ou <strong>de</strong> la précarité per<strong>de</strong>nt<br />

aussi les repères qui autorisaient une image positive d’eux-<br />

mêmes, même s’ils étaient exploités et dominés. Ils sont plus<br />

susceptibles, eux ou leurs enfants, <strong>de</strong> passer à la <strong>violence</strong>. On sait<br />

bien, <strong>de</strong>puis les années quatre-vingt, que les conduites juvéniles<br />

<strong>de</strong> <strong>violence</strong>, dans les quartiers en crise, doivent beaucoup à ce<br />

déclin du conflit caractéristique <strong>de</strong> l’ère industrielle, notamment<br />

dans les anciennes banlieues rouges. Se met alors en place, plus<br />

facilement, une culture <strong>de</strong> winner-loser, où le mépris et sa hantise<br />

viennent occuper une place considérable : pour ceux qui sont<br />

« jetables », comme on dit souvent en Amérique latine, ou rejetés,<br />

il se développe un vif sentiment <strong>de</strong> déchoir et l’absence ou la perte<br />

d’estime <strong>de</strong> soi peut envahir la conscience. N’est-on pas inutile<br />

socialement, mis au rebut ou presque ? Et dans ce contexte, la<br />

<strong>violence</strong> trouve sa voie bien plus facilement que dans une culture<br />

ouvrière où le sentiment d’être dominé et exploité n’interdit pas,<br />

au contraire, la conscience d’une utilité sociale.<br />

D’autre part, lorsqu’il existe <strong>de</strong> fortes communautés ouvrières,<br />

une vie sociale <strong>de</strong>nse, structurée par le conflit central propre aux<br />

sociétés industrielles, lorsque, à partir du mouvement ouvrier, se<br />

mettent en place <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> vie politique, un tissu associatif et<br />

<strong>de</strong>s débats d’idées, la <strong>violence</strong>, du moins dans ses formes les<br />

moins graves, n’est pas perçue comme aussi dangereuse ou<br />

insupportable que lorsque la vie sociale est décomposée, sans<br />

repères, et que la moindre agressivité — les « incivilités » dont se<br />

repaît <strong>de</strong>puis quelques années la littérature spécialisée dans<br />

l’insécurité — déclenche un vif sentiment <strong>de</strong> peur et <strong>de</strong> menace.<br />

b) En amont et en aval du conflit<br />

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