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Violences d'aujourd'hui, violence de toujours - Rencontres ...

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<strong>Violences</strong> d’aujourd’hui, <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong><br />

On peut dire, pour résumer et schématiser, qu’avec<br />

l’instauration d’un système judiciaire autonome, c’est la question<br />

<strong>de</strong> la conscience qui se pose. Il y a d’une part la conscience<br />

intentionnelle, pratique, requise <strong>de</strong> distinguer rigoureusement<br />

entre un acte volontaire et un acte involontaire — pour qu’un<br />

criminel soit jugé il faut que soit définie la part <strong>de</strong> sa<br />

responsabilité, que soient en quelque sorte inventés les concepts<br />

d’intention, <strong>de</strong> volonté et d’acte volontaire ou involontaire. D’autre<br />

part il s’agira <strong>de</strong> questionner, <strong>de</strong> problématiser, non plus<br />

seulement la conscience intentionnelle, mais ce qu’on appellera la<br />

conscience morale, la mauvaise conscience, le ressentiment, le<br />

sentiment <strong>de</strong> culpabilité. L’établissement du judiciaire, qui coïnci<strong>de</strong><br />

avec l’instauration <strong>de</strong> la démocratie en Grèce, a en quelque sorte<br />

dû inventer, problématiser et conceptualiser, pour se légitimer, ce<br />

double concept <strong>de</strong> conscience.<br />

KAREL BOSKO : J’aimerais rebondir sur le titre <strong>de</strong>s <strong>Rencontres</strong> et<br />

sur la « <strong>violence</strong> <strong>de</strong> <strong>toujours</strong> », qui m’a intrigué et inquiété.<br />

L’expression, je l’entends bien, désigne la permanence <strong>de</strong> la<br />

<strong>violence</strong>, l’agressivité, l’objet <strong>de</strong> l’éthologie, <strong>de</strong> la biologie du<br />

comportement, <strong>de</strong> la psychanalyse. Mais s’il faut entendre par là<br />

une essence intemporelle <strong>de</strong> la <strong>violence</strong>, alors je suis un peu<br />

inquiet. Cela me donne le sentiment d’un discours fataliste.<br />

Violence <strong>de</strong> <strong>toujours</strong> : nous voici cuirassés dans une attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

refus. Il y a là un piège que l’historien se doit <strong>de</strong> déjouer, en<br />

rappelant <strong>de</strong>ux épopées, celle <strong>de</strong>s résistances civiles et celle <strong>de</strong> la<br />

construction du Welfare State en Europe.<br />

Epopées plurielles, multiples, bien sûr, mais fondatrices <strong>de</strong><br />

valeurs, et fondatrices peut-être <strong>de</strong> démocratie. Je prendrai<br />

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