Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

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le taux de suicide global de ces bandes était bien inférieur à la moyenne nationale. D’autres
bandes ont eu un taux de suicide qui était 500 à 800 fois (plus élevé) que celui de la nation
en général. 233
volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être
chapitre six
Les chercheurs énoncent ce qui peut différencier ces collectivités de Premières Nations, des raisons
pouvant expliquer les divergences.
L’adolescence est une période de changement rapide et profond, au moment où le jeune établit sa nouvelle
identité d’adulte. Le psychiatre Mohawk Clare Brant a décrit ce processus de la façon suivante :
[traduction] L’identité est très difficile à définir du fait qu’elle englobe tellement de concepts
différents, en ce sens qu’elle signifie qui on est, qui on a été et qui on sera. Il y a une continuité
entre ces termes « J’étais, je suis et je… serai ». J’étais à peu près la même personne hier que
celle que je suis aujourd’hui et… demain, je n’aurai pas trop changé. Chez l’adolescent, ce n’est
pas la même chose étant donné que des changements soudains, rapides, s’opèrent au niveau
de sa personnalité alors qu’il évolue de l’enfance à l’âge adulte; il y a une véritable tempête
(perturbation) biologique qui survient au moment où des caractéristiques sexuelles secondaires
et la passion sexuelle se développent.… L’identité si elle est stable représente une continuité
de qui j’étais, de qui je suis et de qui je serai; si une discontinuité soudaine se produit, il en
résulte une angoisse extrême et de la confusion. 234
L’étude antérieure menée par Chandler, Lalonde et Sokol au sujet du développement de l’identité
chez les jeunes a fait la comparaison des stratégies adoptées par les jeunes autochtones et les jeunes
non autochtones pour résoudre le problème de cette discontinuité et dissiper la confusion qui en a
résulté. Si les adolescents n’arrivent pas à rétablir ce sentiment de continuité dans leur existence, ils
deviennent à risque de suicide étant donné qu’il semble que, pour eux, continuer ou non n’a plus aucune
importance. Malgré qu’il y ait des différences au sein de chaque groupe, les chercheurs ont conclu que
les jeunes non autochtones trouvaient leur propre continuité en leur for intérieur, cherchaient des
caractéristiques ou des expériences essentielles, des points d’ancrage auxquels relier qui ils étaient et ce
qu’ils deviendraient. D’autre part, les jeunes de Premières Nations sont portés à arrimer leur continuité
à des événements racontés les impliquant et mettant aussi à contribution d’autres personnes au fil du
temps, à un récit qui devient plus cohérent à mesure que l’adolescent mûrit. 235
Chandler et Lalonde émettent l’hypothèse que, dans le cas où le récit de la communauté était
désorganisé en raison d’attaques réitérées comme l’expérience des pensionnats, il en résultait que les
adolescents étaient plus à risque dans leur développement personnel, ce qui se manifestait en des taux
de suicide plus élevés. Ils ont conçu une échelle pour vérifier cette théorie, l’appliquant à des collectivités
de Premières Nations pour trouver :
• l’indication que des bandes en particulier avaient franchi des étapes pour obtenir un titre autochtone
(ancestral) pour leurs terres traditionnelles;
• l’indication que ces bandes avaient repris des organismes d’État certains droits d’autonomie
gouvernementale;