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Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

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0 chapitre <strong>de</strong>ux<br />

Refaçonner l’i<strong>de</strong>ntité et le sentiment <strong>de</strong> soi chez les élèves exigeait plus que la fréquentation obligatoire<br />

<strong>du</strong> pensionnat. Pour faire disparaître la vision <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> originale <strong>de</strong>s enfants et interrompre la<br />

transmission <strong>de</strong> l’héritage culturel, le gouvernement et les Églises ont prioritairement décidé d’éradiquer<br />

les langues autochtones <strong>de</strong>s pensionnats et <strong>de</strong> les extirper <strong>de</strong>s enfants :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] Il relevait <strong>de</strong>s directeurs <strong>de</strong>s pensionnats <strong>de</strong> faire exécuter cette directive, <strong>de</strong> faire<br />

apprendre les langues <strong>de</strong> la « civilisation »... et d’empêcher que la langue <strong>de</strong>s « sauvages » soit<br />

utilisée au pensionnat. Certains ont instauré <strong>de</strong>s mécanismes inventifs <strong>de</strong> renforcement positif<br />

au moyen <strong>de</strong> récompenses, <strong>de</strong> prix ou <strong>de</strong> privilèges pour favoriser l’usage exclusif <strong>de</strong> l’anglais (ou<br />

<strong>du</strong> français). Cependant, plus souvent qu’autrement, les punitions ont été la métho<strong>de</strong> habituelle.<br />

Pendant tout ce temps qu’ont <strong>du</strong>ré les pensionnats, les enfants ont été battus pour avoir parlé<br />

leur langue. 15<br />

<strong>Le</strong> troisième volet <strong>de</strong> la stratégie liée aux pensionnats, consistant à trouver <strong>de</strong> l’emploi aux finissants<br />

dans un lieu <strong>de</strong> travail éloigné <strong>de</strong> leur communauté, n’a pas obtenu <strong>de</strong> succès, en gran<strong>de</strong> partie parce<br />

que le niveau et la qualité <strong>de</strong> la formation dispensée aux élèves étaient insuffisants pour leur permettre<br />

une fois les étu<strong>de</strong>s terminées d’<strong>être</strong> aptes à l’emploi. La plupart <strong>du</strong> temps, les anciens élèves retournaient<br />

dans leur communauté n’ayant pas acquis les compétences nécessaires ou étant incapables d’occuper<br />

un emploi pro<strong>du</strong>ctif à cet endroit ou ailleurs.<br />

John Tootoosis, un ancien élève qui a réussi à <strong>de</strong>venir un éminent dirigeant Cri, a porté le jugement<br />

suivant sur les inci<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s pensionnats qui a été rapporté dans sa biographie :<br />

[tra<strong>du</strong>ction] quand un Indien sort <strong>de</strong> ces endroits, c’est comme s’il était placé entre <strong>de</strong>ux<br />

murs et laissé suspen<strong>du</strong> au beau milieu d’une pièce. D’un côté, il y a tout ce qu’il a appris <strong>de</strong><br />

son peuple et leur façon <strong>de</strong> vivre qui ont été complètement effacés; <strong>de</strong> l’autre côté, il y a les<br />

coutumes <strong>de</strong>s Blancs qu’il n’a jamais vraiment comprises étant donné qu’il n’a jamais eu le<br />

niveau d’étu<strong>de</strong>s suffisant pour le faire et donc qu’il ne pouvait pas faire partie <strong>de</strong> leur mon<strong>de</strong>. <strong>Le</strong><br />

voilà, suspen<strong>du</strong> au milieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cultures, il n’est pas un Blanc et il n’est pas un Indien. 16<br />

<strong>Le</strong>s conséquences à long terme <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s pensionnats continuent <strong>de</strong> se manifester dans<br />

les collectivités, les familles autochtones et dans la vie personnelle <strong>de</strong>s gens. La société canadienne est<br />

plus disposée que jamais auparavant à reconnaître qu’il y a eu rupture <strong>de</strong>s liens entre <strong>de</strong>s générations<br />

d’enfants et <strong>de</strong> parents pour satisfaire <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> l’État, qu’il y a eu interruption <strong>de</strong> la transmission<br />

<strong>de</strong> l’héritage culturel en raison <strong>de</strong> l’interdiction <strong>de</strong> parler la langue autochtone. Ces offensives ont<br />

eu pour résultat <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong>s milliers d’anciens élèves mal outillés, suspen<strong>du</strong>s entre <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s,<br />

incapables <strong>de</strong> fonctionner ni dans l’un ni dans l’autre, ce qui constitue, comme nous en sommes venus<br />

à le comprendre, une violation <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la personne.<br />

2.3 rompre le silence<br />

<strong>Le</strong>s Canadiens prennent peu à peu conscience et commencent à reconnaître que les pensionnats ont<br />

causé aux enfants autochtones <strong>de</strong>s préjudices graves et persistants. <strong>Le</strong>s Autochtones eux-mêmes, dans<br />

volume i : un <strong>cheminement</strong> <strong>de</strong> <strong>guérison</strong> : le <strong>rétablissement</strong> <strong>du</strong> <strong>mieux</strong>-<strong>être</strong>

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