Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

chapitre deux
nouveaux traumatismes. Advenant le cas où ils n’avaient pas gain de cause, ils étaient laissés sans
moyen, affligés par leurs plaies réouvertes et vives. Même dans le cas où ils avaient gagné leur procès,
qu’ils avaient vu leur agresseur puni ou qu’ils avaient obtenu un dédommagement, beaucoup de
Survivants restaient toujours insensibles, taisant leurs sentiments, aux prises avec des relations brisées
ou destructrices, des séquelles de traumatismes non résolus.
Des Survivants et des personnes affligées des répercussions intergénérationnelles des pensionnats
se réunissaient occasionnellement lors de retrouvailles depuis un certain nombre d’années et ils
s’apportaient du soutien. Cette entraide visant à donner du poids à leurs réclamations et à les aider
à résister au stress causé par les poursuites en justice ont donné à des organisations comme la BC
Indian Residential Schools Survivors Society, The Children of Shingwauk Alumni Association en Ontario
et l’Association for Survivors of the Shubenacadie Indian Residential School une nouvelle raison d’être,
une détermination encore plus solide.
Tout au long de l’année 1997, bien des départements du gouvernement fédéral se sont donnés pour
tâche d’étudier les centaines de recommandations de la CRPA. Comme les commissaires de la CRPA
l’avaient été, les fonctionnaires de l’État ont été émus par l’histoire et les témoignages convaincants se
rapportant aux pensionnats. Ces recommandations exigeaient qu’on leur donne suite, non seulement
parce qu’il s’agissait d’enjeux relatifs aux Autochtones, mais également parce que ces questions touchaient
les soins aux enfants et la protection assurée à l’enfance, ce qui trouvait un écho chez les Canadiens
et éveillait leur sens de la justice. De plus, le résultat de ces travaux était fortement symbolique des
relations du gouvernement avec les Autochtones. L’analyse des connaissances actuelles sur les séquelles
de la violence faite aux enfants et aux adolescents en établissement, la décision d’assumer pleinement les
torts et de présenter des mesures correctives ont contribué à mettre au premier plan de la réponse du
gouvernement au Rapport de la CRPA la stratégie de guérison axée sur les séquelles des pensionnats. Un
engagement immédiat et important à l’égard de la démarche de guérison démontrerait l’intention véritable
du gouvernement d’entamer le processus du renouvellement de ses relations avec les Autochtones. 30
2.5 la déclaration de réconciliation du gouvernement du Canada
Le 7 janvier 1998, l’honorable Jane Stewart, alors ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien,
a dévoilé Rassembler nos forces : le plan d’action du Canada pour les questions autochtones en réponse au
Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones. Rassembler nos forces a établi les objectifs
et les initiatives de programme à réaliser sur plusieurs fronts, mais tout comme dans le rapport de la
CRPA, le thème prédominant prône la transformation de la relation entre le gouvernement fédéral et
les Autochtones. La ministre Jane Stewart a donc fait dans ce but une offre solennelle de réconciliation
qui a été par la suite diffusée de façon générale dans la collectivité autochtone. Les réactions ont été
mitigées. Beaucoup d’Autochtones ont eu l’impression que cette déclaration de réconciliation était loin
de répondre à leurs besoins légitimes de recevoir des excuses; elle était formulée très prudemment
de façon à restreindre la portée des préjudices qu’on reconnaissait. Certaines des organisations
autochtones nationales ont critiqué le processus ayant abouti à la déclaration, un processus où ce sont
principalement des représentants des Premières Nations qui ont été consultés.
volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être