Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être
chapitre deux
Les accusations liées à la violence sexuelle faite aux enfants en établissement ont bénéficié d’une grande
couverture médiatique. La similitude de ces cas et des situations vécues dans les pensionnats indiens
était frappante, ce qui a sans aucun doute renforcé le courage des Survivants autochtones de divulguer
les abus physiques et sexuels dont ils avaient été victimes dans les pensionnats dans l’espoir d’être
crus. En 1992 et 1994, des Survivants autochtones en Colombie-Britannique et en Saskatchewan ont
intenté une action en justice. Le temps que le Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones
soit publié en 1996, le gouvernement canadien avait reçu environ 200 réclamations pour des raisons
alléguées d’abus. 20
La Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA) a été mandatée par le premier ministre
Brian Mulroney en 1991 pour [traduction] « analyser l’évolution de la relation entre les autochtones
(Indiens, Inuit et Métis), le gouvernement canadien et l’ensemble de la société canadienne, » et
« examiner tous les enjeux qu’elle juge pertinents pour un ou l’ensemble des peuples autochtones du
Canada. » 21 Le thème primordial du rapport présenté au premier ministre en novembre 1996 prônait
le renouvellement de la relation entre les Autochtones et le Canada. Pour rétablir cette relation, la
Commission [traduction] « [a demandé] instamment aux gouvernements et à la population du
Canada d’examiner de façon approfondie, et en toute lucidité, les fondements instables de la relation
qui s’est instaurée [à l’époque où les objectifs déclarés de la politique gouvernementale étaient le]
déracinement et l’assimilation [des Autochtones à la société coloniale]. » 22 Une étude historique de
l’établissement du régime des pensionnats et de ses incidences a été un élément clé de cette étude
objective entreprise par la CRPA. 23
Faisant le résumé de la recherche sur les faits historiques et des témoignages aux audiences publiques,
voici les propos qu’a tenus la Commission :
[traduction] Aucun autre élément de notre recherche ne nous a autant choqués et ne nous
a fait aussi honte que l’histoire des pensionnats. Il est certain que des centaines d’enfants ont
survécu à leur passage dans ces établissements et que bon nombre d’entre eux ont profité de
l’éducation qu’ils y ont reçue. Et il y a bien sûr des enseignants et des administrateurs qui
ont consacré plusieurs années de leur vie à ce qu’ils croyaient être une noble cause. Mais
les conséquences fâcheuses qu’a entraînées cette mesure (mépris pour la vie, dénigrement
de la culture, destruction du respect et de l’estime de soi, démembrement des familles), les
répercussions de ces traumatismes sur les générations suivantes et l’énormité du triomphalisme
culturel qui sous-tendait cette entreprise troubleront sans aucun doute profondément tous
ceux qui voudront bien prendre conscience de cette réalité. 24
Des recherches dans les archives ont fourni des preuves documentaires que les conditions régissant les
pensionnats créaient un terrain propice à la malnutrition, à l’apparition de maladies, de même qu’à des
mesures disciplinaires pouvant basculer dans la violence. Les témoignages des Survivants décrivant
l’expérience traumatisante, destructrice, qu’ils avaient vécue et leur long et difficile cheminement pour
retrouver leur santé émotionnelle ont émergé de plus en plus fréquemment. Parmi ces publications, il
y a eu en 1994 celle de l’Assemblée des Premières Nations : Breaking the silence: an interpretive study
of residential school impact and healing as illustrated by the stories of First Nation individuals. 25