Un cheminement de guérison : Le rétablissement du mieux-être

chapitre deux
En fait, le grand nombre de réclamations présentées en fonction d’allégations d’abus n’était que la
partie émergée de l’iceberg.
La CRPA a recommandé que le gouvernement du Canada institue une commission d’enquête publique
menée par une majorité de commissaires autochtones; le principal objet de cette enquête serait
d’étudier et de documenter l’origine, les objectifs et les effets des politiques et des pratiques relatives
aux pensionnats dans la mesure où elles concernaient tous les peuples autochtones, comprenant les
Premières Nations, les Métis et les Inuit, notamment la nature et l’ampleur de leur incidence sur
plusieurs générations d’individus et de familles, sur les collectivités, et sur la société autochtone dans son
ensemble. Cette commission d’enquête préconisée devait tenir des audiences publiques, être habilitée à
faire des recherches, à faire l’examen des dossiers en vue d’identifier les abus commis et à recommander
les mesures correctives, notamment des excuses des responsables, une forme de dédommagement et
l’octroi de fonds pour permettre aux personnes touchées de suivre un traitement. [traduction] [De
plus, la CRPA a recommandé la] « création d’un dépôt national de documents et de vidéos sur les
pensionnats dans le but de faciliter l’accès aux documents et l’échange électronique d’information sur
les pensionnats. Une fois mis sur pied, cet organisme travaillerait en collaboration pour concevoir un
programme d’études autochtones expliquant l’histoire et les répercussions des pensionnats, de même
qu’il lancerait des programmes destinés à renseigner le public sur l’histoire et les conséquences des
pensionnats, ainsi que sur les correctifs apportés pour atténuer leurs répercussions négatives. » 26 Les
recommandations de la CRPA ayant trait aux pensionnats sont reprises à l’annexe D.
Les recommandations de la CRPA sont inspirées de la conviction que la divulgation de la vérité est une
première étape nécessaire dans le processus de réconciliation, une démarche pouvant être modelée sur
celle de pays comme l’Afrique du Sud et l’Argentine où des gouvernements successifs se sont efforcés
de régler et d’enterrer les répercussions des abus que des gouvernements antérieurs avaient tolérés ou
avaient eux-mêmes commis. Ces recommandations confirment également que l’ampleur des effets, des
souffrances éprouvées, devrait être étudiée à fond afin que de justes indemnités puissent être versées.
Un précédent en matière de compensation réglée à l’amiable, avant le jugement d’une cour, a également
été constitué dans des cas de maltraitance en établissement au Canada.
Comme le résumé ci-après le démontre, des efforts ont déjà été amorcés pour favoriser la réconciliation
entre les Survivants des pensionnats, tous les peuples autochtones, et les Églises chrétiennes ayant
collaboré au fonctionnement du régime des pensionnats. Les Églises ont elles aussi mis en place des
programmes modestes visant à appuyer les Survivants autochtones dans leurs efforts auto-dirigés
vers le rétablissement des séquelles de leur expérience au pensionnat et elles ont cherché à informer
l’ensemble de leurs membres au sujet des torts qu’elles avaient causés. Les Églises ont souvent été
nommément désignées dans le cadre des litiges en cours. Les excuses officielles et les déclarations de
complicité ont dépassé en portée la responsabilité de la violence physique et sexuelle faite aux élèves
des pensionnats, ce qui, une fois prouvé, pourrait constituer une responsabilité légale. Elles ont admis
de diverses façons qu’elles avaient causé de graves préjudices durables ayant nui au développement de
personnes saines et fonctionnant bien en assurant la continuité de la violence émotionnelle, culturelle
et spirituelle exercée dans les pensionnats.
volume i : un cheminement de guérison : le rétablissement du mieux-être