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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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indigène due selon certains au libéralisme dont elle a fait preuve vis-à-vis

des autochtones sous le second Empire. Chanzy, dernier gouverneur

militaire de 1873 à 1879, même s'il développe la colonisation (il

crée 126 nouveaux villages), tombe victime de l'opposition des colons. Son

successeur, frère d'un futur président de la République, Albert Grévy, va

abonder dans leur sens. Désormais, les civils prennent en main les destinées

politiques de l'Algérie.

Le territoire militaire est réduit au sud du pays. Dès 1881, 196 communes

de plein exercice et donc dirigées par des élus européens s'opposent à

77 communes mixtes, tenues par des administrateurs. La hiérarchie militaire

a pratiquement perdu tous pouvoirs. La pression européenne peut

s'accentuer.

La loi du 26 juin 1881 prescrit des dispositions particulières pour la

population indigène. A ce titre, on la désignera sous le nom de « code de

l'indigénat ». Sous ce vocable, dont le côté péjoratif n'est pas exclu, sont

répertoriées quarante et une infractions propres aux indigènes et les

sanctions correspondantes. Sont ainsi réprimés : la fraude fiscale, la

détention illégale d'armes à feu, les départs et les participations à des

pèlerinages sans autorisation, les propos contre la France et son

gouvernement, etc. Le juge de paix, européen, et l'administrateur en

commune mixte prononcent des jugements sans appel allant des amendes

aux peines de prison. Le côté astreignant de certaines mesures – les

déplacements en particulier – est évidemment fâcheusement ressenti. La

suppression de ce « code de l'indigénat » deviendra vite une des

revendications premières des Algériens.

La loi du 26 juin 1889 impose la citoyenneté française à tous les enfants

d'étrangers nés en Algérie et qui ne la refusent pas. A cette date, Français et

étrangers s'équilibrent (219 000 contre 211 000). Dix ans plus tard, les

Français sont 318 000 et les étrangers 212 000. Fort logiquement, les

musulmans évolués s'irritent de voir Espagnols ou Italiens accéder à une

citoyenneté qui leur est refusée.

Le siècle naissant apporte sous l'impulsion de quelques meneurs beaux

parleurs – on sera toujours sensible à l'éloquence du verbe, outre-

Méditerranée – une flambée antisémite. Drumont, l'homme de la Libre

Parole, le journal de la ligue antijuive, en profite pour être élu député

d'Alger (1898-1902). Pour calmer les esprits, le gouvernement parisien met

sur pied les délégations financières, miniparlement local, ayant vocation de

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