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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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commandants de secteur organisent encore de-ci de-là un « ratissage »

préventif, le cœur n'y est plus. A quoi bon faire tuer du monde ? A quoi bon

se faire tuer ? s'interroge plus d'un officier. L'armée française met bas les

armes sur ordre, ce qui ne l'empêche pas de continuer d'éprouver des pertes.

Les bandes rebelles se reconstituent en partie en toute impunité, jouant sur

des désertions que l'issue apparemment inéluctable de la guerre provoque et

favorise. Par contrecoup, le terrorisme renaît. Dix-huit morts, quatre-vingtseize

blessés presque tous musulmans les 28 et 29 juillet. Encore douze tués

et quinze blessés le 8 août.

Dans cette atmosphère alourdie, dans ce climat où les officiers français

n'osent plus regarder de front leurs interlocuteurs, dans cette impatience

croissante du contingent de retrouver ses foyers et de mettre un terme à une

mission inutile, l'O.A.S. fait sur Alger ses premières armes. Elle débute par

des slogans, poursuit par des tracts, prolonge par le plastic. Les explosions –

les « stroungas » – deviennent l'opium des Algérois. Une soirée sans

vacarme. Que devient l'O.A.S.? L'O.A.S. se meurt ? Une salve de 22 à

23 heures, l'enthousiasme renaît, les fenêtres s'ouvrent, les exclamations

fusent. On se croirait presque à une soirée de 14 Juillet.

Le 5 août, les équipes de Susini réalisent un coup spectaculaire. La voix

aigrelette du général Gardy se fait entendre durant quelques minutes sur les

ondes officielles. La première des « émissions pirates » de l'O.A.S.

déclenche sur Alger une folle espérance et un gigantesque tumulte.

L'O.A.S. a démontré qu'elle avait des possibilités. Elle recommencera.

Début septembre, l'O.A.S. métro prend des coups. Un de ses agents de

liaison, Maurice Gingembre, est intercepté par Debrosse dans l'avion

régulier Paris-Alger. Il s'ensuit une série d'arrestations qui provoquent

quelque émoi par les noms des intéressés. Le plus connu est celui du

général Vanuxem qui, sous le pseudo de Verdun, vient d'accepter la requête

de Pierre Sergent de prendre en main les destinées de l'Organisation en

métropole. Il se retrouve à la Santé comme le colonel de Blignières, un des

instigateurs parisiens du 22 avril. Interpellé aussi le général de Crèvecœur,

qui commandait quelques années plus tôt une colonne de qui on espérait le

dégagement de Dien-Bien-Phu. L'O.A.S., brutalement, prend une autre

dimension. Elle n'est plus simplement un ramassis d'activistes ou de poseurs

de pétards.

A Alger, l'arrestation de Gingembre laisse un instant espérer à Debrosse

que la filière qui le mènera jusqu'à Salan s'ouvre devant lui. Non seulement

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