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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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une solution démocratique que de donner à chacun la possibilité d'opter

librement ? D'autant que ces Arabes que l'on croise de plus en plus dans les

artères de la capitale et des grandes villes, « ils sont bien différents des gens

d'ici ».

L'armée, le 16 septembre, fait la guerre. Un discours politique de plus ou

de moins... Sur-le-champ, elle n'y prête guère d'attention, tout entière à ses

combats et à sa pacification. Et puis, si autodétermination il doit y avoir,

elle ne peut que conduire à une option française. L'armée n'est-elle pas là

pour la façonner ?

Côté F.L.N., il est trop tôt pour crier victoire, mais quel bond en avant !

De l'Algérie française, pure et dure, on passe à une ouverture vers un

inconnu tout différent. Mais les gens du F.L.N. sont prudents. Ils ne

sauraient faire confiance aveuglément. Quelle chausse-trappe peuvent leur

dissimuler de Gaulle et les Français ? N'est-ce point un discours pour

l'opinion internationale ? Ils prennent acte, sans plus, attendant la suite. Ils

n'en sont pas moins confortés dans le terme final de leur lutte.

Les musulmans, en Algérie, ont de suite compris. L'Algérie française, de

Gaulle n'en veut pas puisqu'il ne la proclame pas. Ils se taisent, mais ils ont

enregistré. La France, hier si sûre d'elle-même, n'est plus catégorique. Le

doute désormais remplace la certitude sur l'avenir de sa présence en Algérie.

La guerre, dans les esprits du moins, change de cap.

Les Européens d'Algérie ont la finesse des Latins. Ils analysent et percent

à travers les lignes. De Gaulle a envisagé trois hypothèses : la francisation –

il n'a pas prononcé le terme intégration –, la fédération franco-algérienne et

la sécession. Cette sécession signifie en termes clairs : l'indépendance. Pour

la première fois, un chef d'Etat français l'évoque officiellement. S'il

l'envisage, c'est qu'il la juge possible et réalisable. Pour preuve, il s'y attarde

longuement :

« Je suis pour ma part convaincu qu'un tel aboutissement – la

sécession – serait invraisemblable et désastreux. L'Algérie étant

actuellement ce qu'elle est et le monde ce que nous savons, la sécession

entraînerait une misère épouvantable, un affreux chaos politique,

l'égorgement généralisé et bientôt la dictature belliqueuse des

communistes. »

Il poursuit :

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