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Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

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Il y a plus grave, preuve de l'extension du conflit et de l'évolution des

esprits. Deux détachements complets passent au F.L.N. en Oranie et dans le

Constantinois.

Le poste de Sebabna, dans la région de Relizane, à mi-route entre

Orléansville et Oran, est tenu par une compagnie du 50 e bataillon de

tirailleurs algériens. Il y a une cinquantaine de réservistes et 80 tirailleurs,

l'ensemble commandé par le sous-lieutenant Fournier, n'ayant encore jamais

vu le feu. Dans la nuit du 19 février 1956, une forte bande rebelle,

renseignée par des complicités internes, attaque la garnison. Les trois quarts

des tirailleurs passent à l'ennemi. Les Européens ont 18 tués, dont le chef de

poste, ainsi que 22 blessés. Le potentiel rebelle du secteur se trouve

considérablement renforcé.

A l'autre extrémité de l'Algérie, la ferme Degoul, à 15 kilomètres au sudouest

de Souk-Ahras, est également tenue par des tirailleurs algériens. Ces

derniers, de nuit, désertent au grand complet après avoir massacré leur

encadrement européen. L'affaire est sérieuse : 150 combattants bien armés

sont passés au maquis. Le général Beaufre, qui, après la Kabylie,

commande la zone Est-constantinois, alerte le 3 e R.P.C., nouvelle unité

parachutiste aux ordres du colonel Bigeard. Bigeard réagit vite et bien. Il

sait que les fuyards ont 10 heures d'avance. Il les situe approximativement

dans la région de Villars. Grâce aux hélicoptères à sa disposition, il lance

des éléments à la recherche de l'ennemi. A 14 heures la 4 e compagnie

accroche. Bigeard rameute tout son monde. A 17 heures, tout est terminé.

126 déserteurs ont été tués, 15 autres capturés. 114 armes perdues ont été

récupérées. L'étoile de Bigeard et des paras brille de mille feux. La

manœuvre héliportée prouve son efficacité.

Ce succès ne dissimule pas la gravité du mal qui frappe les unités de

tirailleurs. Le commandement s'alarme et décide de les transférer aux forces

françaises en Allemagne pour couper court à la contagion. Le général

Vanuxem, qui commande maintenant les Aurès-Némentchas, s'obstine et

parie sur le 7 e R.T.A. Les faits lui donnent raison. Le 7 e R.T.A. s'avérera,

durant la campagne d'Algérie, un excellent régiment. En décembre 1960, un

officier d'origine algérienne, le colonel Ahmed Rafa, en prendra le

commandement. Bien d'autres unités de tirailleurs auront entre-temps repris

leur place dans une guerre devenue pour les Algériens une guerre civile.

L'affaire des désertions n'aura duré qu'un temps, mais un temps

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