30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Le roi de France ordonne alors le blocus d'Alger. En représailles, Hussein

fait détruire les établissements français de La Calle par le bey de

Constantine. Les mois passent ainsi et les felouques barbaresques au faible

tirant d'eau se faufilent aisément entre le rivage et les navires à fleur de lys.

En août 1827, le capitaine de vaisseau Collet, qui commande la division

navale, conscient de la vanité de ses efforts en raison de la faiblesse de ses

moyens, propose purement et simplement un débarquement pour investir la

ville et rappelle :

« Le colonel du génie Boutin, qui fut envoyé à Alger en 1806 et 1807 1

pour examiner la place et ses environs, doit avoir déposé au ministère de la

Guerre des mémoires sur le résultat de son travail et de ses observations.

» Alger, depuis cette époque, n'a rien changé à ses moyens de défense du

côté de la terre. »

L'idée d'un débarquement est relancée. Le travail de Boutin trouve écho

vingt ans après.

A Paris, les dirigeants sont partagés. Les amiraux sont sceptiques, même

hostiles. Ils évoquent Charles Quint et les Anglais. Le ministre de la Marine

est favorable, mais plus encore son collègue de la Guerre, M. de Clermont-

Tonnerre. Ultra, celui-ci souhaite la guerre pour que sa faction se

maintienne au pouvoir. Il va se faire l'avocat du projet devant le Conseil du

roi :

« L'esprit turbulent et léger de notre nation a, de temps en temps, besoin

de quelque circonstance, hors de l'ordre commun des choses, qui vienne

occuper des imaginations trop ardentes. Il n'est pas inutile de rappeler à la

France que la monarchie légitime ne garantit pas seulement le pays des

invasions étrangères, mais qu'elle sait aussi faire flotter ses étendards dans

les contrées lointaines. »

Politique, il conclut :

« Si, au contraire, un résultat glorieux vient couronner cette entreprise, ce

ne sera pas pour le roi un léger avantage que de clore la session de 1828 et

de demander ensuite des députés à la France, les clés d'Alger à la main ! »

La position du Premier ministre, Villèle, qui est contre, rallie la majorité.

Charles X, pourtant personnellement favorable, ajourne le projet.

Les élections annoncées par Clermont-Tonnerre ne sont pas heureuses

pour les hommes en place et Villèle doit démissionner. Pendant ce temps, le

blocus se poursuit, stérile et coûteux, et l'affaire d'Alger reste à résoudre.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!