30.06.2022 Views

Pierre Montagnon - La guerre dAlgerie

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Les consignes d'abstention avaient été très fermes : « Il ne faut pas voter.

Ceux qui voteront seront exécutés. »

On dénombre cinq cents attentats dans ces semaines électorales. A ces

consignes et à cette intimidation ont répondu les pressions des chefs de

S.A.S. et des responsables de secteurs 5 . C'est donc un échec pour le F.L.N.,

qui n'a pas été suivi. Il témoigne de sa perte d'audience et de l'évolution de

l'opinion algérienne qui, en cette fin de 1958, voit la France gagnante.

Les autres scrutins confirmeront ces tendances. Le 30 novembre, les

élections législatives envoient 67 députés d'Algérie à l'Assemblée nationale,

46 sont de statut local c'est-à-dire musulmans. Ces derniers ont parfois été

têtes de liste. Ainsi le bachagha Boualam, dont l'Assemblée fera son viceprésident,

se retrouve-t-il député d'Orléansville avec pour suppléant Pierre

Beaussier, un garagiste de Ténès. La grande mutation escomptée par l'armée

paraît se réaliser. Parmi les élus :

– à Alger : Pierre Lagaillarde ;

– à Oran : le docteur Sid Cara ;

– à Batna : M e Ali Mallem.

Au Sahara... le cheikh Hamza Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris.

Il y a même trois femmes. Tous ces nouveaux parlementaires s'inscriront au

groupe dit U.N.R., dont la plupart des membres ont sur leur profession de

foi porté : « Algérie française » à côté de leur étiquette de « gaulliste ».

Le premier semestre 1959 verra d'autres élections. Les 19 et 26 avril

seront désignés 14 921 conseillers municipaux dont 11 865 de statut local.

Le 31 mai, ce seront 32 sénateurs, dont 22, là encore, de statut local. Les

élus musulmans ne sont pas sans courage. Ils ont dû braver les rigueurs du

F.L.N., toujours évidemment hostile à une participation électorale et à une

collaboration avec l'administration française. Ces 12 000 élus, de tous

niveaux, sont en fait des condamnés à mort. Leur nombre et leur présence

attestent une fois de plus l'évolution et l'orientation que prend l'Algérie dans

un cadre français. Qui, hormis de Gaulle, paraît les voir autrement ?

1 On lit aussi, par exemple : la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris.

2 Messali Hadj s'exprime aussi, mais sa voix ne porte plus guère sur le sol algérien. Elle ne peut

toucher que des immigrés. Plus nuancée, elle démontre sans doute la volonté du vieux leader

d'apparaître également comme un interlocuteur.

3 Plus encore que le Maroc, la Tunisie est vraiment la terre d'accueil de la rébellion algérienne. La

direction du F.L.N. réside à Tunis. Les unités de l'A.L.N. s'entraînent et s'équipent en Tunisie. Tous

ceux qui, à un titre quelconque, veulent joindre le F.L.N. s'en vont à Tunis. L'armement, évidemment,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!